2011 marqua le bicentenaire de la naissance de Franz Liszt. Cette année-là, quelques récitals lui furent consacrés, notamment par Diana Damrau et Elisabeth Kulman. Dès 1985, Hyperion s’était lancé avec Leslie Howard dans la réalisation d’une intégrale de la musique pour piano seul de Liszt, en 99 CD ; plus récemment, le label britannique a choisi d’anticiper sur les commémorations en inaugurant dès 2010 une intégrale des mélodies de Liszt avec pour accompagnateur Julius Drake. Après un premier volume confié au ténor Matthew Polenzani, puis la parution en 2012 d’un deuxième tome pris en charge par Angelika Kirschschlager, l’heure est venue d’entendre une voix de baryton chantant Liszt, et c’est Gerald Finley qui est le héros de ce troisième disque, paru en mars 2015. On entend surtout ici des lieder, dont le très long « Weimars Toten ». Le baryton canadien paraît beaucoup plus à l’aise dans la langue de Goethe que dans l’idiome méditerranéen des Tre sonetti di Petrarca, chantés dans un italien assez artificiel. Le français lui convient beaucoup mieux, et le disque inclut trois mélodies très développées (la plus longue dure plus de neuf minutes) sur des textes de Victor Hugo ou de Béranger, avant de conclure sur un poème de Tennyson, « Go not, happy day ». Ce qui unit ces poèmes en quatre langues, c’est néanmoins le timbre dense de Gerald Finley, ici très souvent sollicité dans l’extrême grave, et l’art de l’interprète. A comparer avec le premier volume d’une autre intégrale des mélodies de Liszt, chez Marsyas, où le baryton autrichien Adrian Eröd proposait un programme en partie semblable…
Franz Liszt, The Complete Songs, vol. 3, Garld Finley, baryton-basse, Julius Drake, piano. Hyperion