Chaque été, pour une dizaine de jeunes chanteurs en fin d’études, le Festival lyrique de Belle-Île en mer, créé par le metteur en scène et pédagogue américain Richard Cowan, se réaffirme comme un tremplin pour entrer dans une vie professionnelle hautement compétitive ! Ce qui fait sa force, c’est le travail accompli en immersion totale dans les réalités de leur futur métier. Non seulement les participants suivent des master class ouvertes au public sous la direction de leurs aînés et participent ardemment à la manifestation, mais ils ont l’occasion de se produire deux fois en récital dans un programme différent de leur choix devant un public bienveillant dont beaucoup de passionnés de chant. Ce test grandeur nature dans des conditions de confiance optimales est pour eux une étape importante.
Les jeunes artistes qui se produisaient le 7 août au Café bleu de Sauzon, méritent tous sans exception de vifs encouragements. Parmi les français, citons la soprano Marion Dumeige et la mezzo Juliet Dufour respectivement dans Duparc et Fauré, pour leur musicalité confirmée par leur participation dans le délicieux trio mozartien « Soave sia il vento » de Cosi fan tutte. Tandis que l’air « On va courir » de La Vie parisienne, bien enlevé, ainsi que le duo « Puisqu’ici bas toute âme » de Fauré mettent en valeur le charme et la légèreté vocale de la soprano Kattel Dupin. On a également beaucoup apprécié deux ténors fort prometteurs : Thibault Givaja avec l’aria « Una furtiva lagrima » de Elisir d’amore de Donizetti chanté tout en délicatesse et Flavien Maleval, ardent et puissamment dramatique, dans la mélodie de Tosti « Non t’amo piu » avec laquelle il a su tenir le public en haleine. Le baryton breton David Postel s’est montré, lui aussi, convaincant dans La jolie fille du Perth de Bizet.
Parmi les chanteurs formés aux USA — absolument tous remarquables par leur diction soignée et leur technique — on distinguait Adele Marie Grabowski qui, à la suite d’un accompagnement de piano en difficulté, s’est bravement lancée dans la très périlleuse aria du Rinaldo de Haendel « Venti Turbini » dépassant quelque peu ses moyens actuels, mais qui a su par ailleurs démontrer une irrésistible vis comica dans l’hilarant duo des chats de Rossini.
Le récital était présenté par le souriant chef anglais, Philip Walsh, directeur musical du Festival de Belle-Île.
Récital Jeunes talents lyriques, Sauzon, Le café bleu, 7 août 2015, 19h