Les Victoires de la musique classique se sont déroulées cette année au Grand Théâtre d’Aix-en-Provence – non loin de cette Montagne… Sainte-Victoire souvent peinte par Cézanne.
Voilà une façon de mettre en exergue une région – la Provence – qui n’est pas uniquement un territoire de festivals d’été mais dont le Festival de Pâques s’apprête à briller à Aix-en-Provence et où l’Opéra de Nice a récemment soulevé l’enthousiasme des lecteurs de Forum Opéra, lesquels ont désigné Akhnaten meilleure représentation de l’année. C’est précisément l’orchestre de cet Opéra qui accompagnait cette année la cérémonie des Victoires. Sous la direction d’Ariane Matiakh, ce Philharmonique de Nice a fait preuve d’une qualité qui devrait bien lui valoir un jour le titre derrière lequel il court depuis des années , celui d’orchestre national.
Confiée à un seul présentateur, la soirée a eu plus de rythme que les années passées. Stéphan Bern a assumé ce rôle de manière classique et efficace.
Côté lyrique, le cru était excellent – bien meilleur que certaines années passées, dont les lauréats sont oubliés depuis longtemps. Qu’il était difficile de départager, cette année, dans leurs différentes catégories, Michael Spyres, qui concourait pour son album Bariténor, Sabine Devieilhe dont le colorature n’en finit pas de nous séduire, Ludovic Tézier, qui fait déjà autorité sur les meilleures scènes du monde, Barbara Hannigan déjà décorée d’un Grammy Award, la soprano Sarah Aristidou, qui nous a charmé, au cours de la soirée avec un air lumineux de Linda di Chamounix, ou les deux mezzos Marie-André Bouchard-Lesieur et Eugénie Joneau, qui imposèrent leurs beaux timbres, l’une dans la Belle Hélène, l’autre dans une zarzuela – et cela sans parler de la magnifique intervention dans Thaïs d’Alexandre Duhamel venu en invité vedette.
Il revint au comédien Daniel Auteuil de remettre à Eugénie Joneau le prix de la Révélation lyrique de l’année, tout en révélant qu’il tenait son goût pour l’opéra au fait d’avoir été sur scène, à l’âge de 4 ans, à Alger, l’enfant d’une Madame Butterfly.
Le prix du compositeur de l’année touchait également l’art lyrique, puisqu’il récompensa Kaija Saariaho dont l’opéra Innocence a été créé cet été au festival d’Aix-en-Provence.
Belles Victoires 2022 pour l’art lyrique !
Palmarès :
Soliste instrumental : Ex aequo : Emmanuelle Bertrand, violoncelliste, et Sol Gabetta, violoncelliste
Artiste lyrique : Ludovic Tézier, baryton
Compositeur : Kaija Saariaho
Enregistrement : Cris de Thierry Escaich
Révélation instrumentale : Manon Galy, violoniste
Révélation lyrique : Eugénie Joneau
Révélation chef d’orchestre : Pierre Dumoussaud