« Après Carmen la Cubana, Jean-Luc Choplin réfléchit à Tosca la Napolitana, à Tatiana la Russkova et à Melisande la Normande. » plaisante sur Twitter @AuCafeFrancais. C’est drôle et c’est en même temps déconsidérer un spectacle qui vaut mieux qu’une boutade. Christopher Renshaw, le concepteur et metteur en scène, y combine son amour du chef d’œuvre de Bizet, ses liens avec les familles de Rodgers et Hammerstein – les auteurs du musical Carmen Jones – et sa fascination pour la culture cubaine. A quelques adaptations près rendues nécessaires par la transposition de l’intrigue à Cuba, la trame du livret, en espagnol, obéit à celle de Meilhac et Halevy. Si l’on excepte le finale du 2e acte, le prélude du 3e, le duo entre José et Escamillo (renommé El Niño) plus quelques broutilles, tous les numéros de la partition ont été repris et arrangés par Alex Lacamoire avec des influences mambo, salsa ou cha-cha-cha. Même transposé, il n’est pas certain que Don José soit le mieux dans les cordes de Joel Prieto, premier prix du Concours Opéralia en 2008, interprète coutumier de Fenton dans Falstaff ou d’Ernesto dans Don Pasquale. En ce soir de dernière, le ténor accuse la fatigue de 26 représentations accumulées en moins d’un mois. Mais sa partenaire, Luna Mazanares, qui chante le rôle-titre, est une bomba latina à la voix ambrée comme un rhum 3 ans d’âge (la base de tout bon mojito). Considérée comme un des meilleurs espoirs de la chanson cubaine, elle a le rythme et la musique dans la peau. Le mouvement, réglé quand il est dansé par Roclan Gonzalez Chavez, chaloupe comme un air de rumba. Ivre de son, la salle comble se lève pour réserver un triomphe à cette copie latine de Carmen dont un des atouts premiers est de nous rappeler le génie de l’original.
Carmen la Cubana d’après Georges Bizet, Théâtre du Châtelet, samedi 30 avril, 20h.