Tous nos meilleurs vœux, chère Fiorenza Cossotto, pour vos 80 ans.
On se souvient bien sûr de vous comme de l’une des plus grandes mezzo-sopranos dramatiques de votre génération, et l’une des dernières tenantes d’une tradition technique du belcanto italien aujourd’hui bien peu représentée. Cette technique qui vous permet de chanter encore avec émotion, comme le démontre un enregistrement d’amateur du « Panis angelicus » ( César Frank ) que vous aviez interprété le 14 juin 2012 au conservatoire de Turin, à l’occasion de l’hommage qui vous était rendu pour vos 55 ans de carrière.
Mais si l’on doit se souvenir de vous, c’est aussi pour un étonnant éventail de rôles qui va de Cherubino à la Duchesse de Bouillon, pour avoir participé à la Scala à la création de I dialoghi delle Carmelitane (Sorella Mathilde, 1957), et pour la longueur de votre carrière internationale qui a duré de la fin des années 50 aux années 90. Il serait fastidieux d’énumérer les lieux, les chefs, les partenaires (Maria Callas, Leyla Gencer, Joan Sutherland, Montserrat Caballe pour ne citer que les femmes), 148 représentations au Met entre 1967 et 1989, 38 représentations à l’Opéra de Paris en 1973 et 1975 (Azucena, Dalila, Eboli et Preziosilla), le fameux Aïda en concert de Prestige de la Musique à Pleyel le 5 avril 1973, avec Jessye Norman (disponible sur CD), et bien sûr les plus grands théâtres du monde, y compris le plein air (Vérone, Caracalla, l’Égypte). Là faisait particulièrement merveille votre voix idéalement placée sur la colonne d’air, avec son timbre inimitable, dont la puissance (bien sûr non sonorisées à l’époque) vous permettait, véritable ouragan sonore, de donner l’impression d’une force indéracinable. Votre jeu était peut-être un peu appuyé, mais il était ainsi perceptible jusqu’aux derniers rangs des places les plus éloignées de la scène.
Vos enregistrements de studios, de films de télévision, les captations vidéos de spectacles, les pirates aussi, sont innombrables et montrent l’étendue et la diversité de votre art. Souvenons-nous des batailles de monstres sacrés que vous nous avez fait vivre par le face à face extraordinaire entre Amnéris et Aïda, ici avec Leontyne Price pour ses adieux à la scène, au Met, le 5 janvier 1985.
Puis est venu le temps des master-classes, qui vous permettent de transmettre à travers le monde votre savoir, votre fougue et votre énergie à de jeunes chanteurs, ce que nous vous souhaitons de pouvoir continuer longtemps encore.
Merci, Fiorenza, pour les émotions que vous nous avez procurées. On ne vous a pas oubliée.