Plus de quinze ans près son mémorable enregistrement de Winterreise, où il accompagnait Christophe Prégardien au piano-forte, Andreas Staier nous revient avec un magnifique baryton : Georg Nigl. Un ensemble parfait d’équilibre, de profonde intelligence du texte, de couleurs, cette version, dépourvue d’affèteries, naturelle, forte, laissera une empreinte indélébile chez tous ceux qui ont eu la chance de partager cette émotion vraie.
La prodigieuse aisance d’Andreas Staier donne à son jeu une vie et une densité inégalées, d’autant que son magnifique instrument (Friedrich Hippe, Weimar, 1820) l’enrichit de ce qu’un piano moderne a perdu : sa légèreté fluide (frissonnement de l’introduction du Lindenbaum), sa palette sonore riche et contrastée (Einsamkeit). La voix de Georg Nigl est naturellement puissante, jamais forcée, et la conduite de la ligne, exemplaire. Son legato (Der greise Kopf, sans césure aucune) et la coloration de ses p et pp forcent l’admiration. Deux remarquables interprètes au service d’un chef-d’œuvre dont ils renouvellent la lecture. [Yvan Beuvard]
Winterreise, D.911 (Schubert), Dijon, Auditorium, 9 février 2014