Que le Pays de Galles ait souhaité commémorer le cinquantième anniversaire de la catastrophe d’Aberfan, qui entraîna la mort de 116 enfants et de 28 adultes, on le conçoit aisément. Que Bryn Terfel se soit associé à l’entreprise paraît également logique. Après, qu’une partition ait été « composée, dirigée, orchestrée et produite » (les termes sont reproduits dans l’ordre figurant sur le communiqué de presse) par sir Karl Jenkins n’était peut-être pas ce qui pouvait arriver de mieux. Ce Gallois né en 1944 a fait ses armes dans un groupe de rock alternatif, Soft Machine, puis dans la musique de publicité. Plus récemment, il s’est lancé dans l’écriture chorale, avec un grand succès qu’explique sans doute l’accessibilité extrême de ses œuvres. Cantata Memoria ne fait pas exception à la règle : malgré quelques emprunts aux compositeurs répétitifs pour les chœurs, on est ici bien plus proche du Liverpool Oratorio de Paul McCartney que d’un oratorio de John Adams. Le baryton se voit confier quelques monologues aimablement méditatifs, avant un final saupoudré de vocalises par la soprano colorature également requise. Les voix d’enfants apportent la dose d’innocence souhaitable. Tout cela est bien gentil et terriblement oubliable, un comble pour une musique qui est censée remplir un devoir de mémoire.
Cantata Memoria, for the Children, Elin Manahan Thomas, soprano, Bryn Terfel, baryton-basse, orchestre Sinfonia Cymru et choeurs dirigés par Karl Jenkins, 1 CD Deutsche Grammophon