Comme Puccini dont il fut un des grands interprètes, Carlo Bergonzi est un centenaire à commémorer en 2024 – centenaire non de la mort mais de la naissance, ce jour, 13 juillet à Polesine Parmense en Émilie-Romagne, non loin de Busseto, le village natal de Verdi. En juillet 2014, pour son 90e anniversaire, il faisait son entrée dans notre Encyclopédie subjective des ténors. Peu de jours après, il nous quittait – « o terra addio ». L’ultime duo de Radamès et Aida nous revient en mémoire car Bergonzi était ténor mais avant tout ténor verdien, par la beauté de la voix, sa capacité à exprimer la gamme d’émotions complexes dont Verdi a doté ses héros – même si les ténors ne sont pas les mieux lotis –, par sa technique, son legato, son squillo, le premier indispensable aux longues phrases mélodiques, le second à l’intensité du drame, mais aussi par ses origines parmesanes, sa connexion innée, culturelle, linguistique et terrienne, avec les opéras de Verdi.
« A aucun moment avec Bergonzi on ne se demande si la voix va tenir, si elle va blanchir, se tendre, céder, ou simplement si elle va conserver sa capacité à se colorer. Non : nous suivons aveuglément le sillage de la musique, nous nous coulons dans sa noblesse, sa hauteur de vue, nous nous fions sans crainte à cette mécanique qui nous transporte et nous rassure. » C’est ainsi que Sylvain Fort rendait un hommage distancié à celui que l’on considère aujourd’hui encore comme « la musicalité italienne personnifiée » et dont les nombreux enregistrements – les 31 airs pour ténor des 25 opéras de Verdi; mais pas seulement – témoignent de l’art incomparable.