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Carmen à Florence : la tragédie devient comédie

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Brève
9 janvier 2018
Carmen à Florence : la tragédie devient comédie

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Nous l’annoncions dans une brève précédente, l’Opéra de Florence avait annoncé une nouvelle production de Carmen supposée faire sensation : cette fois, la gitane tuerait son ex-amant et non l’inverse. Des extraits de la répétition générale nous montraient en effet la jeune femme lancer au loin la bague offerte par son Don José, profiter de sa distraction pour lui dérober son pistolet et, jetée à terre, faire feu avant qu’il n’ait eu le temps de la transpercer de son épée. La raison de cette modification ? Manifester contre les violences faites aux femmes en refusant le « féminicide » (sic).

Vous ne voyez pas Carmen en égérie des femmes battues ? Nous non plus, mais l’initiative du metteur en scène Leo Muscato avait reçu le soutien public du surintendant du théâtre, Cristiano Chiarot, et du maire de Florence, Dario Nardella. Vendredi, la générale avait d’ailleurs été suivie d’une conférence sur la maltraitance et les abus sexuels. A cette occasion,  Rosa Maria Di Giorgi, vice-présidente du Sénat, se félicitait de voir le théâtre contribuer à « l’éducation au respect mutuel, une vocation qui fait du Maggio Musicale de Florence un patrimoine mondial non seulement artistique mais aussi pédagogique ». Dans une envolée lyrique digne du maire de Champignac, la sénatrice concluait : « Je trouve positif et profitable que les propositions artistiques soient en phase avec les urgences de leur temps, et j’apprécie les productions qui, tout en respectant les traditions, posent de nouveaux défis, imprégnés de contemporanéité. Affirmons donc un « Non », social et culturel, qui  fasse de la Carmen du Maggio, la voix et la force de toutes ces femmes qui réclament le respect de la dignité et de l’inviolabilité de la personne humaine ».

Sans doute les mânes de Bizet ou de Mérimée n’auront pas été convaincus ; à moins qu’il ne s’agisse d’un mauvais tour dû aux fantômes de Meilhac et Halévy, connus de leur vivant pour leur esprit primesautier. Toujours est-il qu’à la première, alors que Carmen brandissait le pistolet en direction de José, celui-ci s’est enrayé et n’a déclenché aucune détonation. Le public attendait certes un dénouement inédit, mais pas celui-là. L’hilarité est allée crescendo quand José a dû faire mine d’être blessé pour s’effondrer. Inutile de dire que la salle n’a pas été tendre avec l’équipe de production au rideau final.

Pour reprendre le commentaire d’une de nos lectrices – Chantal Beckmann pour ne pas la citer –, il faudra attendre la représentation prochaine pour que Carmen puisse peut-être lancer : « L’ai-je bien descendu ? ».

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