On peut ne pas adhérer systématiquement à la démarche journalistique décomplexée de BFM TV, mais l’échange qui a eu lieu cet après midi sur le plateau de la chaîne d’information en continu a été d’une grande sensibilité. La chanteuse Chloé Briot, qui s’était mise en retrait du devant de la scène médiatique suite à l’onde de choc qu’avaient provoqué ses révélations de harcèlement moral et sexuel sur la production de L’Inondation, est revenue d’une voix claire et posée sur les circonstances de celles-ci. Elle ajoute par ailleurs recevoir « tous les jours un ou deux messages de collègues – peu importe le corps de métier dans l’opéra : techniciennes, danseuses, chanteuses – qui me racontent ce qu’elles ont vécu ». À la question du journaliste de savoir si elle s’était ouverte à son partenaire des débordements dont il se rendait, à ses yeux, coupable, Chloé Briot rétorque : « sa réponse a été de rire ».
Notons que l’intéressé, que Chloé Briot ne nomme pas, a – à son tour – annoncé porter plainte pour dénonciation calomnieuse et diffamation, ajoutant dans un email / lettre ouverte adressé à certains de ses collègues « j’ai absolument confiance dans la justice de mon pays et dans l’arbitrage qu’elle rendra dans cette affaire ».
La ministre de la culture, Roselyne Bachelot, a pour sa part procédé à un signalement auprès du Procureur de la République, au titre de l’article 40 du code de procédure pénale *. Manière pour l’exécutif de mettre la pression sur le judiciaire afin que l’affaire soit bel et bien instruite.
Au-delà du dossier Chloé Briot, une décision judiciaire – dans un sens ou dans l’autre – ferait sans doute jurisprudence, raison pour laquelle l’affaire sera suivie de près par de nombreuses rédactions.
* Le procureur de la République reçoit les plaintes et les dénonciations et apprécie la suite à leur donner conformément aux dispositions de l’article 40-1.Toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis sans délai au procureur de la République et de transmettre à ce magistrat tous les renseignements, procès-verbaux et actes qui y sont relatifs.