Elles étaient au nombre de 75 sur la ligne de départ face à 12 hommes: les femmes ne seront plus que 5 (3 sopranos, 2 mezzos) contre 7 hommes (5 barytons, 2 ténors) lors de la finale de ce septième Concours International Reine Elisabeth de chant. Leur commun dénominateur? Ils possèdent tous une voix, pas nécessairement large ni très personnelle, et une bonne technique, celle-ci constituant, a contrario, le talon d’Achille de trop nombreux candidats. Sonja Saric (Serbie) et Irina Iolanta Baiant (Roumanie) présentent de superbes matériaux, mais leur programme en demi-finale a surexposé les béances d’un édifice en construction. Norma Nahoun (France) n’est pas non plus encore prête pour aborder une telle compétition, malgré ce charme délicat des papillons à peine sortis de leur chrysalide et qui n’ont pas encore pris leur envol. Elle pourrait bien faire parler d’elle d’ici quelques années. On regrette d’autant plus l’éviction, dès le premier tour, du soprano arménien Hasmik Torosyan, agile et brillant, mais aussi doté d’un fort beau tempérament dramatique. D’un colosse, l’Allemand Georg Gädker, vrai Liedersanger, a la stature mais pas la voix d’airain, la sienne péchant même par de sérieux problèmes d’émission et de projection. Il faut savoir que le jury remet les compteurs à zéro à chaque épreuve, ce qui explique l’élimination du ténor anversois Stefan Cifolelli, hélas crispé et à l’aigu précaire. Un vent favorable nous a rapporté qu’il devait retrouver tous ses moyens quelques jours plus tard lors des master classes, Grace Bumbry ayant du mal à croire qu’il s’agissait du même chanteur ! Un nom à suivre, assurément. Certains finalistes se retrouvaient dans la plupart des pronostics: les sopranos purs, souples et raffinés de Hong Haeran et Elena Galitskaya, l’ardent mezzo de Clémentine Margaine ou le puissant baryton de Lee Eungkwang, sans conteste l’une des artistes les plus complets de cette édition. Si ces chanteurs confirmaient l’excellente impression donnée en éliminatoire, la demi-finale a pleinement révélé l’intelligence musicale et la personnalité d’Anaïk Morel (mezzo) ainsi que de Stanislas de Barbeyrac (ténor). En revanche, lors de la proclamation des résultats, les noms de Thomas Blondelle (ténor) et de Hwang Insu (baryton) ont créé la surprise, sinon la controverse, et ce pour des raisons diamétralement opposées: tout sépare la prestation surjouée, ébouriffante du premier de la pesante rigidité du second. Pour la finale, qui se tiendra au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, les concurrents seront accompagnés par l’Orchestre Symphonique de la Monnaie placé sous la conduite de Carlo Rizzi (BS).
Finale du Concours Reine Elisabeth – mercredi 18 mai: Clémentine Margaine (France, mezzo), Lee EungKwang (Corée, baryton), Anaïk Morel (France, mezzo); jeudi 19 mai: Thomas Blondelle (Belgique, ténor), Hwang Insu (Corée, baryton), Hong Haeran (Corée, soprano); vendredi 20 mai: Konstantin Shushakov (Russie, baryton), Sébastien Parotte (Belgique, baryton), Elena Galitskaya (Russie, soprano); samedi 21 mai: Nikola Diskic (Serbie, baryton), Stanislas de Barbeyrac (France, ténor), Elizabeth Zharoff (USA, soprano).