Depuis les représentations dirigées par William Christie au Châtelet au printemps 1990, avait-on pu réentendre à Paris la musique de Marc-Antoine Charpentier pour Le Malade imaginaire ? Pas sûr du tout, et il faut donc rendre grâce aux responsables du Conservatoire national supérieur d’art dramatique et du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris d’avoir uni leurs forces pour ces quatre représentations données dans la belle salle du Conservatoire. Bien sûr, on ne retrouvera pas cette fois le faste du spectacle réglé par Jean-Marie Villégier, avec notamment les somptueux costumes de Patrice Cauchetier, mais le texte de Molière est porté par les élèves du CNSAD, qui proposent une réjouissante galerie de personnages hauts en couleurs autour d’un Argan bonasse. Le chef Alain Zaepffel s’est lui-même chargé de la mise en scène, dans une scénographie dépouillée due à Marcel Bozonnet. Le long prologue, avec ses bergers et son éloge de Louis XIV, est réduit à sa plus simple expression, puisque n’en survit que l’air final, « Votre plus haut savoir n’est que pure chimère ». L’orchestre des élèves du CNSM n’est pas à son avantage dans ces premières pages, les violons sonnent bien râpeux, mais un accord à la fin du premier acte viendra remédier au problème. Trois élèves des classes de chant – la haute-contre Paul-Antoine Benos et les dessus Julia Jérosme (actuellement membre de l’Académie de l’Opéra de Paris) et Cécile Madelin – se mêlent aux cinq danseurs. Si les intermèdes ont pu paraître un peu languissants, ce qui vient aussi un peu de la musique de Charpentier, l’énergie déployée lors de la cérémonie finale remporte tous les suffrages.
Le Malade imaginaire, les 18, 19 et 20 février à 20h, le 20 février à 14h30, Salle du Conservatoire, rue du Conservatoire, 75009 Paris