Alors que l’interminable feuilleton opposant Daniele Gatti au Concertgebouw d’Amsterdam venait de prendre fin par le truchement d’un accord secret, voici que sort – sur le label du Concertgebouw ! – un disque réunissant l’orchestre et son directeur musical déchu.
Petit rappel des faits : il y a un an, la journaliste Anne Midgette dénonçait dans le Washington Post l’inconduite supposée du Maestro à l’égard de deux chanteuses d’opéra. Gatti, après une brève enquête interne, avait été écarté de son poste de directeur musical du Concertgebouw alors qu’il venait de renouveler son contrat. Certains commentateurs s’étonnèrent de la rapidité d’une telle décision, l’imputant en réalité au manque d’osmose existant entre le chef et ses musiciens. Le Maestro, de son côté, contesta son licenciement avec vigueur.
En avril dernier, alors que Gatti avait trouvé refuge à la direction musicale de l’Opéra de Rome, le Concertgebouw annonça qu’après d’intenses discussions, les deux parties avaient décidé de se quitter dans les meilleurs termes du monde ; et même de se serrer métaphoriquement la main en se souhaitant tout le meilleur.
Il y eut là comme un changement radical de ton de la part de l’orchestre qui, en huit mois, passa du renvoi brutal à la tape cordiale dans le dos. Supputer que ce revirement soit l’œuvre de courriers comminatoires à en-tête plutôt que de cordiaux échanges autour d’un Spritz n’est pas prendre un risque démesuré avec la vérité historique.
Le communiqué (disponible en anglais sur le site de Norman Lebrecht) prévoyait, pour sceller ce divorce à l’amiable, la publication de trois enregistrements marquant le passage de Gatti à Amsterdam. Voici donc une Salome, captée live au Nederlandse Opera en juin 2017, dans laquelle la Salome de Malin Byström aura tout loisir de se plaindre de l’inconduite du Hérode de Lance Ryan.