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Nous vous l’avions annoncé en mai, Joseph Calleja est Caruso dans le film de James Gray The Immigrant, sorti mercredi dernier sur les écrans de l’Hexagone, avec Marion Cotillard et Joaquin Phoenix. Le rôle est on ne peu plus court : gratifié d’une bedaine qu’on lui souhaite postiche, le ténor maltais ne dit pas un mot et a tout juste le temps de chanter quelques phrases de Ruggero dans le duo du dernier acte de La Rondine, « O mia divina amante, o vita di mia vita, non sprezzare il mio cuor ». Pourtant, le spectateur attentif pourra remarquer plusieurs autres clins d’œil opératiques, comme le prélude de La Walkyrie pour une scène de course-poursuite, le chœur des moines du Trouvère dans une église, ou l’interlude de Madame Butterfly lors d’un numéro de magie. Pour James Gray, « l’opéra est la forme artistique la plus aboutie, il n’a besoin d’aucun prétexte pour traiter des émotions les plus pures et le splus grandioses. Il frappe droit au plexus. J’adorerais que le cinéma puisse produire pareil effet ». Gray aime aussi la musique non vocale : la partie centrale du « Laideronnette, impératrice des pagodes », de Ma Mère l’oye, se cache même quelque part dans ce film aux images particulièrement soignées. Même si votre œil est très sollicité, à vous de tendre l’oreille… [Laurent Bury]