« Le Conseil d’Administration de la Monnaie a décidé à l’unanimité de présenter Peter de Caluwe pour un second mandat au Théâtre Royal de la Monnaie. » C’est sans surprise que tombe cette décision. Peter de Caluwe, jeune quarantenaire, hérite pourtant en 2007 d’un délicat héritage. Les bruxellois sont encore tout émerveillés des années Mortier immédiatement suivies des années Foccroulle. La Monnaie, maison modeste au rayonnement très local est devenue, grâce à ces deux figures, une maison au profil international. Le successeur de Foccroulle, était donc appelé à exister dans l’ombre de ce terrible héritage. Et pourtant, de Caluwe, s’affirme immédiatement par un goût très sûr en territoire vocale, de très grandes distributions sont proposées, La Monnaie connaît son apogée lyrique. Mais de Caluwé est aussi un moderniste bonhomme, il a hérité de Mortier sa détermination à essuyer le théâtre de grand-père, à mettre musique et dramaturgie sur un pied d’égalité. De Foccroulle, il hérite d’une détermination inflexible à refuser au genre opéra sa dimension muséale. Les théâtres ne sont pas là pour perpétuer le répertoire comme on dirait une messe mais pour faire de ce répertoire le laboratoire de rencontres interdisciplinaires. En parallèle, il confirme la paix sociale dans cette maison portée par plus de 500 travailleurs et parvient à maintenir sa maison à flots en pleine crise du fédéralisme. La Monnaie est effectivement l’un des reliquats du fédéralisme culturel belge mais c’est aussi et surtout, l’une des maisons les plus stimulantes de ce siècle naissant. (HM)