Enregistrer l’intégralité des concertos pour piano de Mozart, en collaboration avec le jeune pianiste François Dumont : voilà le projet ambitieux dans lequel s’est lancé l’Orchestre Symphonique de Bretagne. Afin de célébrer le nouvel enregistrement de cette anthologie, dont la sortie est attendue pour septembre, la formation retrouvait le 19 avril dernier la Salle Gaveau, où elle ne s’était plus produite depuis 12 ans. L’occasion de mesurer combien ce lieu reste, à Paris, l’un des meilleurs pour apprécier pleinement les couleurs et les nuances d’un effectif chambriste : si les cordes semblent parfois un peu sèches, on admire la cohésion de la petite harmonie, et le dynamisme de l’ensemble, idéalement sollicité par François Dumont. A son clavier, le pianiste de 32 ans déploie un jeu naturel et fluide, à la sophistication jamais affectée.
Les amateurs de voix, de Mozart et de piano ne peuvent ignorer « Ch’io mi scordi di te ? », chef d’oeuvre composé, entre Les Noces de Figaro et Don Giovanni, au beau milieu d’une des périodes les plus riches de la vie du compositeur. Fréquemment associée à l’Orchestre de Bretagne, déjà entendue, à l’Opéra de Rennes, dans le rare Vampyr de Marschner, Helen Kearns y donne toute la science d’un legato soyeux et toute la fraîcheur d’un timbre encore un peu vert ; et en bis, en hommage à ses origines et à celles de Nancy Storace, créatrice et dédicataire de l’oeuvre, c’est avec un air irlandais que Kearns et Dumont rendent hommage, tout à la fois à Mozart, et à la Bretagne !