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De Villon à Carmen, l’amour à mort à Clermont-Ferrand

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Brève
23 mai 2016
De Villon à Carmen, l’amour à mort à Clermont-Ferrand

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Ensorcelante danse macabre, provocante et chtonienne pantomime traversée de tensions magnifiées, d’hypnotiques et véhémentes fixités : le Requiem François Villon de Gilles Raynal donné samedi soir 21 mai à l’Opéra de Clermont, s’anime et colonise l’espace en d’inquiétantes saturations. Savamment élaborée à partir de reptiliennes progressions, son écriture des plus complexes en fait une œuvre éminemment plastique et visuelle. Sous la conduite sans concession du compositeur, cordes et vents du Symphonique des Dômes en totale intelligence avec cette page aux puissantes fragrances, se surprennent même à imiter le souffle de la voix dans un Gloria organique. Ils déroulent une fresque sans référencement et pourtant prodigue en images comme dans ce Dies irae sur des trompettes aux accents circassiens qu’enchaînent d’herrmanniens ostinati que n’aurait pas renié Hitchcock dans Psychose. Le comédien Bruno Marchand déborde salutairement son rôle de récitant avec sa gueule à la Artaud, son verbe âpre et son timbre rugueux. Il fait danser l’infernale farandole de la Ballade des Pendus avec une morgue et une impudence jouissivement blasphématoires. La Grande Vocale et le Chœur de Chambre de Clermont tirent avec un égal brio leur épingle du jeu. La présence habitée du baryton Hugues Georges répond en parfaite adéquation au sentiment d’angoisse en apnée que nourrit la supplique d’un Kyrie au hiératisme séraphique de la mezzo Angélique Pourreyron. Elle habille la suavité de ses graves d’une moire fluide et émouvante comme elle s’éprend en seconde partie avec une même passion des Airs de Carmen. Une héroïne de Bizet aux aigus d’une lumineuse tenue et au timbre tout en sensualité et grâce féminine, loin des clichés de la gitane complaisamment provocante.

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Angélique Pourreyron dans les Airs de Carmen © François Schmitt

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