Andréa Guiot nait à Garons, dans le Gard, le 11 janvier 1928. Elle suit de brillantes études au Conservatoire de Paris et décroche en 1955 les premiers prix de chant et d’opéra du Conservatoire de Paris, et le prix Osiris (du nom de son mécène, Daniel Iffla Osiris, décédé en 1907, qui fit un legs au Conservatoire pour subventionner ce prix destiné à récompenser l’un des premiers prix du Conservatoire : la crème de la crème, donc). Comme c’est l’usage, le soprano intègre la Réunion des théâtres lyriques nationaux et sera membre de la troupe de l’Opéra de 1956 à 1973, c’est-à-dire jusqu’à sa dissolution par Rolf Liebermann. Avant même de chanter sur les scène parisiennes, Guiot fait des débuts à Vichy en 1954, puis à Strasbourg et enfin à Favart en janvier 1956, dans le rôle d’Antonia des Contes d’Hoffmann. A l’Opéra-comique, elle chantera également Madame Butterfly, Manon, La Bohème, Carmen, Paillasse, Cosi fan tutte (en alternance avec Elizabeth Schwarzkopf !)… Elle fait ses débuts à Garnier le 23 juin 1957 dans Le Martyre de Saint Sébastien, puis, à partir de 1959, y interprète les rôles de premiers plans : Marguerite de Faust (1959), Micaëla (le 10 novembre 1959, avec la formidable Jane Rhodes, lorsque l’ouvrage, habituellement donné à Favart, passe à Garnier : c’est la toute première fois que la télévision française diffuse un opéra en direct, et le Général de Gaulle est passé faire un p’tit coucou : on appréciera la musique qui l’accompagne), Roméo et Juliette (1963) … Le 28 avril 1962, elle chante la 1000e représentation de Mireille à Favart aux côtés d’Alain Vanzo. Son dernier grand rôle parisien est celui de Liu dans une Turandot chantée aux côtés de Birgit Nillson et James King à Garnier en 1968 (ici à Toulouse quelques années plus tard). Andréa Guiot ne fait pas partie des artistes licenciés par Liebermann, mais ses rôles parisiens deviennent on ne peut plus mineurs : une Fille-fleur dans Parsifal, quand même quelques Mimi, et deux dernières Helmwige dans Die Walküre en 1978. Si elle est très présente en province, Guiot chante peu à l’étranger (le label Malibran a édité une Hérodiade enregistrée aux Pays-Bas en 1957 à Hilversum : elle y incarne Salomé). Citons également Mireille au Festival de Wexford en 1961, Faust à Chicago et la création new-yorkaise des Dialogues des Carmélites en concert à Carnegie Hall en 1964 sous le bâton de Georges Prêtre… Sa voix supportait sans difficultés les représentations en plein air : arènes de Nîmes et de Cimiez, théâtres antiques d’Arles et d’Orange où elle interpréta Micaela, Juliette, Mireille, Marguerite. Sans faire d’adieux officiels, elle se consacre à l’enseignement au Conservatoire de Paris, et également à Lyon, Toulouse, Marseille, et finalement Montpellier. La voix d’Andréa Guiot était limpide et bien projetée, homogène sur une large tessiture et sa diction était remarquable. De sa maigre discographie, on retiendra en particulier l’inévitable Carmen (chez EMI, elle est la partenaire de Maria Callas dans l’enregistrement dirigé par Georges Prêtre, et chez Philips, celle de Jane Rhodes), Le Roi d’Ys (avec Rhodes et Vanzo), un fabuleux Sigurd ou encore le Psaume 47 de Florent Schmitt. De son rôle fétiche, Mireille nous n’avons que des extraits enregistrés avec Alain Vanzo. L’enregistrement des Contes d’Hoffmann, quoiqu’imparfait, nous fait redécouvrir la fine fleur du chant des années 60. Enfin, le label Malibran permet de compléter notre connaissance de cette artiste grâce à ces témoignages rares. Andréa Guiot décède à Garons, à l’âge de 93 ans.