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Décès de Christiane Eda-Pierre

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Brève
7 septembre 2020
Décès de Christiane Eda-Pierre

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Dotée d’un timbre d’une rare beauté, d’un sens incomparable de la ligne et d’une technique sans faille, Christiane Eda-Pierre fut l’une des voix les plus intéressantes du vingtième siècle. Née à Fort-de-France en 1932 d’un père journaliste et d’une mère musicienne, la soprano martiniquaise s’en est allée ce dimanche après-midi à l’âge de 88 ans. Elle aura été l’une des figures marquantes du règne de Rolf Liebermann à l’Opéra de Paris et de Gérard Mortier à La Monnaie de Bruxelles, notamment dans Les Contes d’Hoffman de Patrice Chéreau et dans La Clemenza di Tito de Karl Ernst et Ursel Herrmann. La parution de l’ouvrage (« Christiane Eda-Pierre, une vie ‘excellence ») que lui consacrait il y a quelques mois Catherine Marceline fut pour Forumopera.com l’occasion d’évoquer sa carrière : 

« Née à la Martinique le 24 mars 1932, la soprano est la fille de William Eda-Pierre, décédé très jeune, et d’Alice Nardal, l’une des sept sœurs Nardal, famille d’intellectuels de la bourgeoisie martiniquaise, et la nièce de Paulette Nardal, la première étudiante noire à la Sorbonne. Cette dernière présentera une thèse sur Harriet Beecher Stowe, antiesclavagiste nord-américaine, bien connue pour avoir écrit La Case de l’oncle Tom. Plus tard, elle sera la secrétaire parlementaire de deux députés et la première journaliste noire en France. Avec ses sœurs, Jeanne, Andrée et Alice, elle recevra dans leur maison de Clamart l’élite de la diaspora noire, à commencer par Léopold Sédar Senghor, Pierre Aliker, compagnon de route d’Aimé Césaire, ainsi que ce dernier, et même la célèbre mezzo-soprano Marian Anderson. Un comité est aujourd’hui constitué pour faire entrer au Panthéon Paulette Nardal, pionnière du concept de la négritude avant Césaire et Sédar Senghor. En septembre 1950, Christiane Eda-Pierre quitte la Martinique pour Paris, où pendant deux ans, elle travaille à l’Ecole Normale de Musique. Elle se destinait à devenir pianiste, mais, suivant les cours de Charles Panzera, elle passera du piano au chant. En 1954, la jeune soprano intègre le Conservatoire de la Rue de Madrid, où elle travaille le chant avec le baryton Louis Noguera, et la diction avec la comédienne Gabrielle Fontan. Christiane Eda-Pierre remporte plusieurs récompenses : le prix Lucienne Bréval, le prix Ambroise Thomas, le prix Alice Ducasse. Puis elle sort du Conservatoire en 1957 avec le premier prix de chant, le premier prix d’opéra et le premier prix d’opéra comique. Quand elle commence sa carrière, Christiane Eda-Pierre est la seule cantatrice noire de France. Avant elle , il y avait eu Germaine Lubin, qui niera ses origines paternelles antillaises pour s’inventer des ascendances kabyles d’un père prétendument diplomate. Christiane Eda-Pierre débute, en 1958, dans Les Pêcheurs de perles à l’Opéra de Nice. La même année, on la voit dans Rigoletto à Mulhouse où elle reçoit un excellent accueil de la part de la presse. Elle retourne un an plus tard dans la ville alsacienne pour incarner Lakmé, l’un de ses rôles les plus significatifs. En 1959, elle débute au Festival d’Aix-en-Provence, dans le rôle de Papagena de La Flûte Enchantée, début d’une longue collaboration avec Gabriel Dussurget, puis en 1960, elle apparait Salle Favart. La carrière de l’artiste se poursuit aux quatre coins du monde. En mars 1974, elle prend part à une production marseillaise des Puritains, qu’elle avait déjà chanté à Wexford en 1973. Dans la cité phocéenne, elle interprète l’ouvrage bellinien aux cotés d’Alfredo Kraus, Robert Massard et Pierre Thau. Ce spectacle historique sera considéré comme une production de référence pendant un demi-siècle. En 1980, elle chante Rigoletto devant 300 000 personnes à Central Park. Son duc de Mantoue est Luciano Pavarotti ; puis elle reprend l’ouvrage au Met. En 1986, Christiane Eda-Pierre se retire de la scène mais continue à donner des récitals jusqu’en 1995. »

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