Le soprano américain s’est éteint le 20 juin dernier, à l’âge de 68 ans. Sa carrière fut essentiellement américaine. Finaliste des Metropolitan Opera auditions en 1974, elle débute en 1975 au New York City Opera dans le rôle d’Olympia des Contes d’Hoffmann, aux côtés du jeune Samuel Ramey. Un peu plus tard, elle y chante également Zerbinetta dans Ariadne auf Naxos. Les saisons suivantes, elle incarne Susanna, Rosina (version soprano avec contre fa !), Gilda, la Reine de la Nuit, Cleopatra dans Giulio Cesare, Lakmé, Marie de La Fille du Régiment, Elvira d’I Puritani, Lucia di Lammermoor, mais aussi des rôles moins classiques comme celui la Reine de Chemakha dans Le Coq d’or ou la Petite Renarde rusée. Elle chante relativement peu au Met (17 représentations et 2 concerts), mais l’institution était connue pour bouder les stars du NYCO voisin.
Les passionnés européens la découvre au milieu des années 80 grâce à un disque « privé » édité par Legendary Recording, où elle côtoie Ashley Putnam et June Anderson.
En Europe, elle chante à Genève, Turin, Pesaro (Mosè in Egitto en 1985), Glyndebourne (Zerbinetta, Susanna, Zdenka, Constanze, Despina). Gianna Rolandi épouse le chef d’orchestre Andrew Davis en 1989, avec lequel elle aura un fils, et disparait progressivement des scènes pour se consacrer à l’enseignement à Chicago où son époux est directeur musical puis chef d’orchestre principal du Lyric Opera.
Gianna Rolandi était dotée de beaux moyens vocaux et d’une technique impeccable. Son timbre était quelque peu impersonnel mais son abattage scénique pouvait être impressionnant comme en témoigne l’air de Clorinda1 extrait de La Cenerentola, généralement coupé (on comprend pourquoi).
1. L’air n’est pas de la plume de Rossini mais de son collaborateur Luca Agolini qui composa, outre des récitatifs, trois airs : « Vasto teatro è il mondo » pour Alidoro à l’acte I, le chœur « Ah, della bella incognita » et « Sventurata! » pour Clorinda à l’acte II.