Le soprano britannique est décédé à 72 ans des suites d’une longue maladie. Née en Angleterre le 15 février 1951, de parents gallois, Kathryn Harries entre à la Royal Academy of Music dès 1968 et y poursuit ses études musicales, sans toutefois intégrer la classe d’opéra par manque de temps et d’intérêt ! Pendant ces années, elle chante toutefois des oratorios, des récitals ou participe à des concerts. Elle travaille également à la télévision où elle anime Music Time pour la BBC (64 émissions étalées sur 4 années). Sa carrière lyrique ne démarre qu’en 1983, suite à un changement d’agent : elle interprète une Fille-fleur dans Parsifal au Welsh National Opera, expérience qu’elle apprécie moyennement, n’ayant pas alors de goût pour l’opéra. Elle interprète ensuite Leonore dans Fidelio, toujours pour le WNO et l’expérience est pour elle décisive. Dès 1986, elle interprète Kundry au Metropolitan Opera. La France la découvre en 1987 à l’Auditorium Maurice Ravel de Lyon avec les mémorables représentations de l’intégrale des Troyens dans le rôle de Didon aux côtés de Gary Lakes, sous la direction de Serge Baudo, dans une production de Caurier et Leiser, rôle qu’elle reprendra en 1992 à la Monnaie de Bruxelles. Très présente en France (et paradoxalement bien davantage qu’à Covent Garden), on peut l’entendre à l’Opéra de Paris : Senta en 1987, Un Re in ascolto en 1991, Carmen en 1994, Kundry puis Mahagonny en 1997, Mère Marie des Dialogues des Carmélites en 1999. Au Théâtre des Champs-Elysées, en 1988, elle est Sieglinde dans le cadre d’une Tétralogie mise en scène par Daniel Mesguish. Elle participe à la première édition de l’éphémère Festival Massenet de Saint-Etienne avec le rôle-titre de Cléopâtre en 1990. En 1991, elle est Giulietta dans les Contes d’Hoffmann mis en scène par Alfredo Arias au Châtelet. Elle chante également une formidable Carmen à Orange en 1994 aux côtés de Neil Shicoff et sous la direction de Michel Plasson. En 2002, elle est Hérodiade à Liège. On peut encore l’entendre en Kostelnicka dans la production lilloise de Jenůfa en 2013, rôle qui sera sa dernière apparition scénique en 2015 à Edimbourg. Elle s’investit énormément dans des actions caritatives. Kathryn Harries fut également directrice du National Opera Studio à Londres de 2009 à 2017. Le soprano laissera le souvenir d’une artiste vibrante, vraie bête de scène, mélange de subtilité, de sensibilité et d’engagement hors du commun.
