Décès de Margherita Rinaldi

Née à Turin en 1935, Margherita Rinaldi s’est éteinte le 7 septembre dernier à Impruneta près de Florence. Après des débuts à Spolète en 1958 dans Lucia di Lammermoor, elle est invitée en 1959 à la Scala de Milan où elle chante Sinaide dans Mosè in Egitto aux côtés de Boris Christoff. Elle y revient en 1965 pour un Rigoletto (repris la saison suivante) aux côtés d’un certain Luciano Pavarotti, suivi d’un Elisir d’amore avec Carlo Bergonzi, puis pour Falstaff (1967), Lucia di Lammermoor (1967) dirigée par Claudio Abbado, Idomeneo (1968) dirigé par Wolfgang Sawallisch, à nouveau Rigoletto (1971) aux côtés de Piero Cappuccilli et enfin Linda di Chamounix (1972) aux côtés d’Alfredo Kraus, Renato Bruson, Enzo Dara et Elena Zillio (qui continue à se produire aujourd’hui !). Elle sera réinvitée pour des concerts. Elle se produit beaucoup dans les théâtres régionaux italiens et on peut trouver sur les circuits parallèles des enregistrements de nombreuses soirées : Inès de L’Africaine en version italienne (1963) et Macbeth à Naples (1965), Linda di Chamounix avec Kraus et Bruson à Gènes (1975), Der Rosenkavalier (1963) à Rome en italien (en quelle langue le Chanteur italien chantait-il ?) ainsi que Tancredi (1977), heureusement filmé, aux côtés de Marilyn Horne (le duo sera reconstitué pour San Francisco en 1979 où Rinaldi avait débuté avec Lucia di Lammermoor (1968)), Les Pêcheurs de perles (1966) et le rare (à l’époque) Otello de Rossini (1980) à Palerme; Luisa Miller (1962), Rigoletto (1965, avec Peter Glossop, filmé également), La Traviata (1967, avec Kraus et Bruscantini) à Parme. Elle chante pour les RAI de Rome, Naples ou de Turin : La Scala di seta (1962), Don Pasquale (1963), Rigoletto (1967, avec Cappuccilli et Pavarotti), Cleopatra dans Giulio Cesare, Ero e Leandro (1969), Ginevra dans Ariodante (1973), L’Equivoco stravagante (1974), Une vie pour le Tsar (1974, aux côtés de Boris Christoff et Viorica Cortez), Caterina Cornaro (1974), L’Occasione fa il ladro (1973), Les Abencérages (1975) et Berthe dans un enregistrement du Prophète (1970) avec Nicolai Gedda et Marilyn Horne qui reste un must pour tout amateur d’opéra français. En complément de ce live, on peut citer quelques autres titres particulièrement appréciés des amateurs d’enregistrements sur le vif : une rare version de Norma pour deux sopranos, telle qu’originellement prévue par Bellini, aux côtés de Renata Scotto dans le rôle titre (Florence, 1978), I Capuleti e I Montecchi (Bologne, 1966) avec Giocomo Arragall en Romeo (rôle écrit pour un mezzo…) et Luciano Pavarotti, sous la baguette de Claudio Abbado, L’Africaine en français (Londres, 1978), avec Grace Bumbry et Placido Domingo. A l’international, elle chante également à Vienne (Un Giorno di regno (1974), Don Pasquale (1975)), à Chicago (I Puritani (1969) avec Alfredo Kraus et Piero Cappuccilli), Madrid (I Puritani (1969), avec Kraus), à la BBC (Idomeneo (1968)) ou encore Dallas (Rigoletto (1966), Dublin (La Sonnambula (1963) et La Traviata (1964) avec le jeune Pavarotti !). En 1977, avec les forces de Dresde, elle enregistre sa Gilda aux côtés de Rolando Panerai dans une vidéo où le kitsch de la mise en scène le dispute à l’approximation de la synchronisation. Elle est également invitée par des festivals : Wexford (Don Pasquale (1963), Glyndebourne (Il Matrimonio segreto (1965)), Bregenz (Il Turco in Italia (1966), La Figlia del reggimento (1971), Falstaff (1980)). Belle technicienne, fine musicienne à la voix pure mais au timbre moyennement caractérisé, dramatiquement engagée, disposant d’un suraigu sûr et sachant magnifiquement colorer ou alléger en vraie belcantiste, Margherita Rinaldi aura poursuivi une magnifique mais discrète carrière. Elle prend sa retraite en 1981.