N’en déplaise à certains esprits chagrins, nul ne pouvait prévoir en septembre qu’Abdellah Lasri ferait dès cet automne son retour à l’Opéra Bastille pour quelques représentations de La Bohème. L’indisposition de Khachatur Badalyan va en effet nous valoir quatre Rodolfo au lieu de deux. Alors qu’il devait assurer toute la deuxième partie du mois, Dimitri Pittas fera son entrée en scène dès le mardi 2 décembre ; Vittorio Grigolo ravira ses fans pendant trois soirs la semaine du 15, et Piotr Beczala assurait hier la première, pour ne plus revenir ensuite ; qu’importe alors si l’on aurait pu lui souhaiter des aigus parfois plus solaires. Ana Maria Martinez a la voix bien sombre et bien mûre pour la frêle jeune femme qu’est Mimi, mais parvient à émouvoir dans sa mort. Autour du couple central, chacun est bien à sa place, de la Musetta pétulante de Mariangela Sicilia au Marcello bonhomme de Tassis Christoyannis, sans oublier Ante Jerkunica en Colline ou Simone Del Savio en Schaunard, guidés par la direction attentive de Sir Mark Elder. Quant à la production brun-grisâtre de Jonathan Miller, qui fêtera l’an prochain ses vingt ans et aura alors largement dépassé la centaine de représentations, à quoi bon la remplacer par une nouvelle puisqu’elle continue à remplir la salle ? Et si de temps en temps, on l’utilisait pour La Bohème de Leoncavallo ? Voilà qui apporterait un agréable courant d’air frais…
La Bohème, Puccini, Opéra Bastille, dimanche 30 novembre, 14h30