Directeur des chœurs du Festival de Bayreuth, Eberhard Friedrich a annoncé quitter son poste au terme de près de 25 années de service. Les conditions de l’annonce sont un peu singulières. Cette démission était d’abord superfétatoire en raison du départ en retraite de l’intéressé qui aurait eu 66 ans pour la prochaine édition : le festival a depuis déclaré qu’il n’avait du reste pas l’intention de renouveler le contrat de Friedrich pour cette raison précise. L’annonce a été faite sans attendre la fin du festival, comme s’il s’agissait de lui donner plus de retentissement. Enfin, la nouvelle a fuité par l’intermédiaire d’un journal, le Nordbayerische Kurier. Selon les bayreuthologues les plus expérimentés, cette démission fait suite à la décision du festival, annoncée en novembre dernier, de réduire de 40% les effectifs du choeur à partir de 2024. Ce choix a pour but la réduction des coûts, dans un contexte d’augmentation des dépenses (mais pas des subventions) en particulier celles liées aux salaires des personnels (revalorisés avec l’inflation) et à l’énergie (ce n’est certainement pas le chauffage ou la climatisation qui doivent coûter cher…). Le nombre d’artistes permanents passe ainsi de 134 à 80. Toutefois, quand l’ouvrage nécessite un effectif important, le solde est confié à des artistes non permanents.
Coïncidence ou corrélation, les chœurs ne nous ont pas enthousiasmé au début de cette saison, que ce soit pour Tannhaüser ou Parsifal, sans que le public n’y trouve à redire par ailleurs. Friedrich collaborait avec le festival depuis 1993 et avait pris la direction des choeurs en 2000. Son travail a depuis été assez universellement loué (sauf par des grincheux dans notre genre). L’année dernière, à l’occasion de ses 30 ans d’activité, il avait reçu des mains de Thomas Ebersberger, maire de Bayreuth, l’Anneau d’Or, deuxième plus haute distinction de la ville. Son remplaçant n’a pas tardé à être annoncé : il s’agit de Thomas Eitler-de Lint, actuel directeur des choeurs de l’Opéra de Leipzig.