Le génie délicat de Didon et Enée d’Henry Purcell, opéra miniature qui en moins d’une heure en dit davantage sur l’amour et la douleur de la séparation que d’autres ouvrages plus longs, peut-il supporter les adaptations et transpositions dont notre époque est friande ? Ma foi oui, si l’on en croit la version pour cinq chanteurs (deux sopranos, un alto, un ténor, une basse) et un clavecin que présente jusqu’au 8 janvier le Théâtre Mouffetard. En situant l’action dans une « cantine d’université fondée par Didon » (sic), Alexandra Lacroix s’égare mais la justesse de sa mise en scène rachète ce point de départ discutable. Au final, ce sont la précision du geste et la poésie des images, magnifiées par les éclairages de Romain de Lagarde, que l’on retient. La réduction de la partition à un seul clavecin et quelques bruitages peut faire à l’oreille l’effet d’un repas au pain sec et à l’eau. Les subtilités harmoniques de l’écriture n’en sont que plus apparentes. De la fusion arachnéenne des cinq voix réunies, émerge, rafraichissant, le soprano de Maïlys de Villoutreys (Belinda). Musicalité, limpidité, aisance et fruit : une chanteuse à suivre. Christophe Rizoud
Didon et Enée de Henry Purcell
Mise en scène : Alexandra Lacroix
Direction musicale : Benjamin Fau
Avec Camille Delaforge (clavecin), Johanne Cassar (Didon), Pablo Ramos Monroy (Enée), Maïlys de Villoutreys (Belinda), Cecil Gallois (Enchanteresse), Florent Baffi (Basse du chœur)
Jusqu’au au 8 janvier 2011, du mercredi au samedi à 19h, dimanche à 15h
Théâtre Mouffetard (www.theatremouffetard.com) – 73 rue Mouffetard, 75005 Paris