Le compositeur Wolfgang Rihm est mort ce samedi 27 juillet 2024 à 72 ans. Figure emblématique de la composition et de l’enseignement, il marqua la musique d’après-guerre en Allemagne de façon durable et certaine. « Je veux émouvoir et être ému : tout dans la musique est pathétique » proclamait-il haut et fort, à une époque où le Romantisme et le premier XXe inspiraient méfiance. Rihm n’aura donc cessé de faire du post-expressionnisme son fer-de-lance. Son premier opéra, Jakob Lenz d’après Büchner résume à lui-seul ce bras-de-corps avec l’affect que sa musique entend entreprendre. Il revint régulièrement au genre lyrique, retrouvant ses auteurs de prédilection que furent Nietzsche, Artaud et Büchner. Fin connaisseur de la littérature germanophone, il s’illustra d’innombrables fois au genre allemand par excellence qu’est le lied. Dans son catalogue vocal prolifique, on retrouve ainsi sans distinction ni hiérarchie (car tout est excellent) Goethe, Hölderlin, Rilke, Celan, Jean Paul, Heiner Müller ou encore Else Lasker-Schüler.
Généreux dans la création, il le fut aussi dans sa pédagogie. Outre sa participation à de nombreuses académies, il fut pendant près de quarante ans professeur à la Musikhochschule de Karlsruhe. Au cours des dernières années, il était également professeur de composition à l’académie du Festival de Lucerne. « La seule chose dont la musique ait besoin, ce sont des oreilles grand ouvertes », répétait-il souvent à ses étudiants. Avec Wolfgang Rihm, la musique perd une oreille attentives aux sursauts de l’âme et de l’art.