C’est par un communiqué du Royal Opera House de Covent Garden que nous avons appris la disparition de Joan Carlyle, à l’âge de 90 ans. Cette soprano assez méconnue de ce côté de la Manche – bien qu’elle ait chanté à la Scala, au San Carlo, à la Monnaie ou en Allemagne durant les années 60 – appartenait à la troupe de Covent Garden où elle avait été engagée par Rafael Kubelik et fait ses débuts en Frasquita de Carmen en 1955. Si elle enchaine d’abord les rôles secondaires dans un registre vocal plutôt léger (Oscar du Bal masqué ou Sophie du Chevalier à la rose), elle s’oriente bientôt vers des rôles plus lourds dans lesquels elle est remarquée, en particulier Nedda de Pagliacci, sans pour autant renoncer aux rôles par lesquels elle avait débuté. Suivent d’autres premiers rôles dans les années 60 : Titania du Songe d’une nuit d’été de Britten, Pamina de la Flûte enchantée ou encore la Comtesse des Noces. A la fin des années 60 et dans les années 70, elle se concentrera presqu’exclusivement à des rôles de soprano lyrique : Mimì, Arabella, Donna Anna ou encore Desdémone, aux côtés de Jon Vickers en Otello. Elle ne dédaignera pas non plus les œuvres de son temps, interprétant par exemple le rôle de Jenifer dans The Midsummer marriage de Tippett, dans le premier enregistrement de studio de cette œuvre, sous la direction de Colin Davis en 1970. Elle terminera sa carrière avec Freia en 1976, avant d’enseigner, notamment, au Royal College of Music.
Le directeur de Covent Garden, Oliver Mears, soulignait vendredi l’extraordinaire varitété du répertoire abordé par Joan Carlyle et l’admiration que lui vouait le public, à la fois pour un style vocal « magnifique et inimitable » mais aussi en raison de ses puissantes incarnations sur scène.