Disparition de Wolfgang Sawallisch

C’est avec émotion que nous apprenons le décès de l’immense chef d’orchestre allemand Wolfgang Sawallisch, vendredi dernier à Munich. Il avait 89 ans. Il aura traversé le XXe siècle en passager lumineux. Sa modestie doublée d’une poigne exceptionnelle devant les phalanges les plus éminentes, son savoir-faire perdu d’authentique Kapellmeister, son érudition parfaite y compris dans la musique de son temps lui ont conféré un prestige humble mais prégnant, une sorte de tranquille supériorité. Il fut un pont entre la grande manière germanique du XIXe siècle et la modernité. Né en 1923, il avait obtenu une certaine notoriété en dirigeant le Philharmonique de Berlin dès 1953. S’ensuivit une belle carrière internationale, mais une phase essentielle s’ouvrit en 1971 lorsqu’il pris en mains l’Opéra de Munich. Il devait y rester vingt ans, et s’en retirer suite à son aversion publique pour les mises en scènes contemporaines, qui ravageaient les théâtres allemands. En 1993, il fut nommé chef de l’Orchestre de Philadelphie. Ses témoignages discographiques sont nombreux : on retiendra en particulier l’irrecommençable Capriccio, mais aussi une admirable Femme sans Ombre. De nombreux enregistrements live de Wagner ou Mozart attestent ses qualités de chef d’opéra, mais on aurait tort de négliger ses enregistrements symphoniques (Schumann, notamment). Pianiste hors pair, il a accompagné Fischer-Dieskau ou Hampson dans Brahms et Schubert. Tout cela est disponible et merveilleux. [Sylvain Fort]