Beaucoup s’inquiétaient de l’absence du belcanto romantique à l’Opéra de Paris, à l’exception des nièmes reprises d’une Lucia di Lammermoor au bout du rouleau. Stéphane Lissner vient apporter un démenti cinglant à ces reproches en programmant non pas une, mais trois œuvres de Gaetano Donizetti : Anna Bolena, Maria Stuarda et Roberto Devereux, trois ouvrages connus sous l’appellation de « Trilogie Tudor ». Le Directeur Général de l’Opéra de Paris, qui revendique d’être toujours là où on ne l’attend pas, explique : « A l’heure où Donald Trump est en passe de devenir le prochain président américain, tandis que Vladimir Poutine rétablit le tsarisme en Russie et que Bachar el-Assad est remis en selle en Syrie, ces ouvrages posent la question du pouvoir et de sa représentation, de la fragilité des institutions et de la tentation de l’absolutisme dans le traitement des difficultés du vivre-ensemble ». Même son de cloche chez Dmitri Tcherniakov à qui est confiée la mise en scène : « Elizabeth, Ann Boleyn ou Mary Stuart sont des archétypes des conditions de la prise en mains du pouvoir par les femmes à l’époque Tudor. Aujourd’hui, Dilma Rousseff au Brésil, Cristina de Kirchner en Argentine, Michelle Bachelet au Chili ne sont tolérées dans l’arène politique masculine que dès lors qu’elles composent avec la corruption, la violence. Peut-on être un animal politique en restant une femme ? Il y a là une piste, une invitation à mettre un frein à l’immobilisme ». Que les amateurs de provocations se rassurent, le metteur en scène russe n’a pas pour autant renoncé à ses idées iconoclastes. « Pour l’aspect visuel, j’ai immédiatement pensé à l’univers des Trois sœurs de Tchékhov : un salon dans une datcha où tout le monde s’ennuie. Il était inconcevable pour moi de tomber dans un traitement anecdotique historicisé : je veux faire réfléchir, bousculer les consciences, créer du sens ». Tcherniakov compte également approfondir le modèle expérimenté avec son duo Iolanta / Casse-noisettes qui se donne actuellement au Palais Garnier : « Je veux appréhender cette trilogie comme un tout, en associant chaque soir le premier acte d’un des trois opéras au dernier acte d’un autre. Bolena est en trois actes. Stuarda et Devereux sont en deux actes. Nous disposons donc de 7 actes mais je pense que le dernier acte de Devereux est le plus faible de tous, trop vulgaire, et qu’on peut donc s’en passer. Avec les 6 actes restants, je vais combiner trois soirées de deux actes à chaque fois et faire dialoguer les oeuvres entre elles autour d’une interrogation sur la responsabilité du pouvoir ». Stéphane Lissner renchérit : « Mon souhait est de vaincre les frilosités, de me rendre séduisant, voire désirable, au plus grand nombre. Et tant pis si je déplais aux ‘spécialistes de la spécialité’. Pour cela, nous devons nous montrer entreprenants et généreux et devancer les objectifs de la COP 21 ». Après une année 2015 financièrement difficile, le Directeur de l’opéra de Paris ne désespère pas de rétablir un bilan économique positif. « Cette Trilogie est le type même de projet autour duquel nous pouvons mobiliser les mécènes. Je suis toujours confiant quand je vois qu’un grand capitaine d’industrie reste capable d’écraser une larme à la fin de la représentation, en dépit d’une dure semaine consacrée à délocaliser, réduire les effectifs ou négocier des monopoles juteux avec l’Etat ». Cerise sur le gateau, le spectacle sera entièrement biodégradable et à énergie positive.
Donizetti : la Trilogie Tudor à Bastille
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Brève
1 avril 2016
Donizetti : la Trilogie Tudor à Bastille
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