Forum Opéra

Du côté des archives

Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Brève
9 mars 2012
Du côté des archives

Infos sur l’œuvre

Détails

La dernière livraison d’archives lyriques se partage à parts presque égales entre le répertoire wagnérien et le répertoire italien.

Côté wagnérien, on signalera pour commencer la réédition par Myto Historical de La Walkyrie donnée par les forces de l’opéra de Vienne à la Scala de Milan le 29 avril 1958 (réf. 3CD00185), sous la baguette flamboyante d’Herbert von Karajan. Cast imbattable, avec une Nilsson « dominatrice et sûre d’elle-même », un Hotter encore à son apogée, et à l’émission plus libérée qu’à Bayreuth les mêmes années, incomparable diseur à l’autorité que rien ne semble pouvoir entamer. Le couple de jumeaux est un peu déséquilibré, entre une Rysanek qui n’est qu’opulence – mais une opulence d’écorchée vive, attention ! – et un Suthaus dont la probité ne masque pas le poids des ans. Frick est superlatif. On ne cherchera pas à l’orchestre les sortilèges poétiques de Berlin, mais le théâtre et là, et bien là. Une version à connaître, assurément (3 cœurs).

Le cru bayreuthien de 1961 nous livre un Tannhäuser dirigé par Wolfgang Sawallisch le 23 juillet, en ouverture du Festival (Myto Historical 3 CD 00291). La distribution est la même que celle réunie l’été suivant, pour l’enregistrement officiel, à deux exceptions près, qui font toutes deux pencher clairement la balance vers le millésime 1961. En Elisabeth, Victoria de Los Angeles est moins astringente et plus intérieure qu’Anja Silja l’année suivante. Surtout, le Wolfram de Dietrich Fischer-Dieskau surclasse tous ses concurrents et délivre une leçon définitive de beau chant et d’intelligence des mots: quel poète ! Le Tannhäuser de Windgassen est toujours aussi convaincant, déchiré et assumant sans tricher le format du rôle, jusqu’à un Récit de Rome d’exception. Et il y a la Vénus renversante de sensualité de la jeune Grace Bumbry (24 ans cette année là !). On n’omettra pas de citer, pour lui rendre hommage, la direction nerveuse et lyrique de Sawallisch, ainsi que les choeurs superlatifs de Wilhelm Pitz. Une très grande soirée bayreuthienne, en fait, que l’on s’abstiendra, par charité, de comparer au naufrage de la dernière production de l’oeuvre sur la Colline sacrée (4 cœurs).

Du même été 1961, voici le Parsifal « rituel » dirigé par Hans Knappertsbusch le 25 juillet (Myto Historical MCD 4CD 00289). Ne manque plus – sauf erreur – que le cru 1955 pour disposer de la série complète des interprétations de l’œuvre à Bayreuth par le vétéran Knappertsbusch entre 1951 et 1964. Là encore, la distribution est presque l’identique de celle réunie pour le disque officiel l’été suivant (seule modification substantielle : en Titurel, Ludwig Weber, bien vieilli, cède la place en 1962 au jeune Matti Talvela). Il n’est pas certain, cependant, que l’on privilégie cette fois le pirate au disque officiel. Non que cette édition 1961 soit déshonorante – loin s’en faut- mais elle souffre de la proximité immédiate de ses nombreuses sœurs jumelles. Knappertsbusch porte à son apogée la conception liturgique de l’œuvre: c’est retenu et sévère, mais le sublime n’est jamais loin. Et l’équipe de chanteurs suit: Hotter, à l’émission moins flatteuse que l’année d’après, reste un des plus grands Gurnemanz par l’onction et le génie des mots. London est déchirant en Amfortas, son acte III bouleverse. Le Parsifal de Jess Thomas manque parfois de mystère, mais la voix est franche et saine. L’ensemble des filles fleurs, mené par Gundula Janowitz et Anja Silja, est de belle facture. Seule relative déception: la Kundry bien terne d’Irène Dalis. On retournera encore et toujours à Mödl, Varnay et Crespin (3 cœurs).

Côté italien, on signalera pour commencer la réédition sous label Urania (sous la référence WS 121141) de la Force du Destin captée au Mai musical florentin le 14 juin 1953, bien connue des discophiles. On doit avouer une très légère déception à la réécoute de ce jalon de la discographie, affublé – comme tant d’autres – des inévitables coupures d’usage. Mitropoulos fait partie des rares chefs à avoir une vraie vision de l’œuvre, tragique, épique, sombre. Voilà enfin une direction qui en est une et qui tranche avec ce à quoi on a trop souvent droit dans cette œuvre. Problème: chanteurs et choeurs ont du coup souvent du mal à suivre, et on ne compte plus les décalages entre la scène et la fosse. Côté plateau, on va du splendide (Tebaldi dans le rôle de sa vie, Siepi – mais tous les deux sont trouvables aussi bons ailleurs) au mauvais (Barbieri, qui nous sert une Preziosilla marchande de poisson) en passant par le quelconque (Protti) ou le discutable (l’Alvaro de Del Monaco qui fait du décibel, sans la moindre subtilité, ou le Melitone troupier de Capecchi). Bref, tout ça est loin d’être négligeable, mais ne fait assurément pas une version de référence. A qui veut savourer Forza live avec la fine fleur du chant italien des années 50, on recommandera plutôt la version bénie des dieux captée à Naples en 1958 (2 cœurs).

Très belle surprise enfin avec des Puritains captés au Teatro Colón de Buenos Aires en juin 1961 (Myto Historical 2CD00298) sous la baguette preste et sûre d’Argeo Quadri. Dans une prise de son très correcte, on peut y savourer l’Elvire grand style de Leyla Gencer, à la vocalise impeccable, et qui confirme ici son adéquation au répertoire bel cantiste (les puristes auront beau jeu de prétendre qu’elle est plus à l’aise dans l’imprécation donizettienne que dans la cantilène bellinienne : ne boudons pas notre plaisir). Autour d’elle, une mention spéciale pour l’Arturo probe et engagé de Gianni Raimondi : certes pas le plus beau timbre de ténor de sa génération, mais pas de tricherie, et tout de même de sérieux arguments dans la quinte aiguë. Découverte totale – et heureuse – enfin que le Riccardo du baryton catalan Manuel Ausensi, au timbre flatteur et à la technique robuste : voici encore un artiste méconnu dont on se dit qu’il n’a pas eu – au disque tout du moins – la carrière qu’il méritait. Le « Suoni la tromba » avec le Giorgio de Ferruccio Mazzoli est électrisant. L’ensemble, où chacun des protagonistes fait montre d’un chant généreux, s’écoute avec un réel plaisir (3 cœurs). [JM]

 

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Infos sur l’œuvre

Détails

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

Dans les profondeurs du baroque
CDSWAG

Les dernières interviews

Les derniers dossiers

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

[themoneytizer id="121707-28"]