Le Stabat Mater de Dvorák figure maintenant en bonne place parmi les oeuvres chorales essentielles, ses productions et enregistrements se multiplient. Après l’avoir gravé en 2013 pour Phi, avec son fidèle Collegium Vocale, mais avec d’autres interprètes, hormis le superbe baryton basse Florian Boesch, Philippe Herreweghe entame une tournée qui, de Dijon l’entraînera à Bruxelles, Poitiers, Paris et Amsterdam. En grande forme, le célèbre choeur s’y révèle difficile à surpasser : l’émission est homogène, colorée, avec une dynamique singulière. La conduite du chant et son modelé sont remarquables. Le Concert des Champs-Elysées s’y révèle d’une belle tenue. Les solistes, desservis par un placement surprenant, en retrait, entre les cordes et la petite harmonie, voient leur chant amenuisé. C’est d’autant plus regrettable qu’aucun ne démérite. Une soprano chaleureuse et agile, Sarah Wegener, le beau mezzo de Renata Pokupic, le ténor au timbre séduisant de Magnus Staveland, et la remarquable basse de Florian Boesch forment un ensemble équilibré et harmonieux. Le parti pris de la direction est la retenue, la réserve, qui marquait déjà l’enregistrement. Certes le résultat ne manque pas d’atouts, ainsi le n°4, où la basse est opposée au choeur de femmes, le n°6 où le ténor dialogue avec le choeur d’hommes. Mais, de façon générale, on est aux antipodes du flamboiement de Kubelik. Les nuances sont restituées avec une fidélité littérale, la dynamique, notamment la rythmique, paraissent lissés, gommés, au détriment de la tension dramatique. Dvorák n’avait-il pas été impressionné par le Requiem de Berlioz ?
Direction musicale : Philippe Herreweghe ; Collegium Musicale de Gand ; Orchestre des Champs-Elysées ; soprano : Sarah Wegener – mezzo-soprano : Renata Pokupic – ténor : Magnus Staveland – baryton basse : Florian Boesch ; Dijon, Auditorium, 8 février 2015