C’est une excellente idée qu’a eue le CNSM de faire monter par les élèves des classes de chant et d’instruments anciens un opéra injustement méconnu de Gluck, Echo et Narcisse. Créé en septembre 1779, révisé en 1780, c’est la dernière œuvre lyrique du compositeur. Ressuscitée à Schwetzingen par René Jacobs en 1987 pour le bicentenaire de la mort de Gluck, cette charmante pastorale n’a plus guère été entendue depuis. La modestie des moyens mis en œuvre ne permettait pas cette fois d’apprécier le dialogue prévu entre instruments de scène (ici absents) et orchestre de fosse, mais Julien Chauvin dirige la partition avec un enthousiasme communicatif. Les tempos qu’il adopte, plus rapides encore que ceux de Jacobs, mettent cependant parfois en difficulté ses chanteurs, même l’excellente Magali Arnault Stanczak, éblouissante en Amour. On aura remarqué le joli timbre de David Tricou, Narcisse au physique de jeune premier à la Robert Pattinson. Sandrine Buendia ne démérite pas en Echo, mais manque parfois de projection. Et l’on saluera surtout la mise en scène brillantissime de Marguerite Borie : dans le décor constamment en mouvement conçu par Fabien Teigné (sous l’influence de son maître Pierre-André Weitz, décorateur attitré d’Olivier Py), elle parvient à animer la relative inaction scénique de cet opéra bref mais exquis. [LB]
Echo et Narcisse, Salle d’art lyrique du CNSM de Paris, les 12, 14 et 16 mars à 20h