La Chapelle de la Trinité à Lyon a retenti de sonorités inhabituelles lors de la venue des Musiciens de Saint-Julien, pour un programme de chant et musique baroques écossais sous influence italienne. Véritable phénomène de transfert culturel, l’acclimatation en Écosse de la musique de Corelli et de ses compatriotes a donné lieu à l’émergence d’un répertoire, publié au début du XIXe siècle, qui allie le fonds traditionnel écossais et les formes musicales propres au style baroque. Le ténor Robert Gentschell, timbre chaleureux et belle diction, déploie toute la virtuosité de son chant dans une alternance entre airs enlevés et tempi plus lents, caractéristique tout autant du folklore calédonien que des formes de la musique du XVIIIe siècle. Puisant aux sources, compulsant les traités anciens, François Lazarévitch, jouant lui-même de diverses flûtes et d’une petite cornemuse écossaise à soufflet, ressuscite une musique attachante et élégante, au cours d’une soirée où se succèdent airs, songs et danses, tour à tour entraînants et nostalgiques. Le public enthousiaste a du mal à rester immobile et assis, et se livre même à quelques discrètes tentatives pour accompagner les passages les plus rythmés, où chaque soliste est à son tour mis en vedette avant de passer le relais au joueur suivant. La Chapelle de la Trinité ne se prête pas vraiment à une ola, mais c’est tout comme. [Fabrice Malkani]
For ever Fortune, Musique et chants d’Écosse. Robert Getchell, ténor. Les Musiciens de Saint-Julien. Direction : François Lazarévitch. Lyon, Chapelle de la Trinité, mercredi 29 mai 2013, 20h00