Vous n’avez jamais entendu parler d’Emile Bret ? Rassurez-vous, c’est tout à fait normal. Né à Genève en 1824, Emile-Jules Bret quitta son Helvétie vers 1860 après avoir rencontré par hasard Meyerbeer au bord du lac de Genève, et mourut à Paris en 1891. Compositeurs d’opéras bibliques, d’opéras-comiques et de cantates, sans oublier les pièces pour piano ou pour orchestre, il écrivit aussi une douzaine de romances et mélodies. Le label suisse Gallo, désireux de défendre les gloires nationales, vient de faire paraître un disque qui rassemble neuf de ces mélodies, complétées par deux pages pour piano seul. A part une assez flamboyante « Romérie galicienne » avec castagnettes obligées, ces compositions sont charmantes mais engendrent vite une impression d’éternel recommencement du même, prisonnières qu’elles restent des contraintes strophiques et des limites propres au genre de la romance de salon dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Nathalie Constantin est une soprano tout à fait agréable à écouter, et elle est plutôt bien secondée par le pianiste Norberto Broggini, mais comme on disait en Angleterre à l’époque d’Emile Bret, « on ne peut faire d’une oreille de truie une bourse de soie », et il n’est pas certain que ce soit par ces œuvres-là que passe une éventuelle réévaluation d’un compositeur bien oublié.
Emile Bret, Romances et Mélodies, 1 CD Gallo, 57 minutes, enregistré en février 2015 au Temple des Eaux-Vives.