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En direct de New-York : Philippe Jordan embrase le Met

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Brève
31 mars 2019
En direct de New-York : Philippe Jordan embrase le Met

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Lors de sa création sur la scène du Metropolitan Opera qui s’est étalée sur deux saisons, 2010/2011 pour les deux premiers volets et 2011/2012 pour les deux suivants, le Ring signé Robert Lepage avait été intégralement retransmis dans les cinémas avant de faire l’objet d’une parution en DVD. Cette année, alors que le Met repropose le cycle entier entre mars et mai, seule La Walkyrie, sans doute le plus populaire des quatre ouvrages, a les honneurs du grand écran. L’imposante machine imaginée par le metteur en scène canadien, constituée de gigantesques pales qui figurent tour à tour la hutte de Hunding, les montures des Walkyries et le rocher de Brünnhilde, crée des images spectaculaires notamment au début du deuxième acte lorsque les pales en question sont chevauchées par les filles de Wotan et à la fin du trois, lorsqu’elles se dressent verticalement et que la Walkyrie apparaît en leur sommet, la tête en bas, au milieu d’effets de lumières rouges symbolisant des flammes.

Deborah Voigt, la première Brünnhilde de cette production présente la soirée. La soprano américaine aura à cœur d’interviewer, en plus des interprètes principaux, Eve Gigliotti et Kelly Cae Hogan qui incarnaient déjà Siegrune et Gerhilde à ses côtés il y a huit ans. Le reste de la distribution est entièrement renouvelé à l’exception d’Eva-Maria Westbroek qui retrouve avec bonheur le rôle de Sieglinde auquel elle apporte sa douceur et sa féminité. Le timbre a conservé sa fraîcheur d’antan et la voix son volume, notamment au troisième acte lorsqu’elle chante « O hehrstes Wunder ! Herrlichste Maid ! » dominant l’orchestre avec une intensité dramatique saisissante. A ses côtés Stuart Skelton campe un Siegmund à la voix solide et bien projetée. Au premier acte, ses « Wälse ! Wälse ! » percutants et longuement tenus, filmés en contre-plongée comme pour en accroître l’impact, mettent la salle en délire. Tous deux seront longuement ovationnés lors des saluts ainsi que Günther Groissböck, Hunding impressionnant aux graves profonds et sonores. Au cours de son interview, la basse autrichienne annonce sa participation au Ring de Bayreuth en 2020 cette fois en Wotan, une prise de rôle qui promet d’être captivante. Greer Grimsley en revanche interprète ce personnage avec une certaine réserve et une voix aux graves rocailleux qui, pour autant qu’on puisse en juger au cinéma, semble manquer de projection. Cependant, au trois il parvient à trouver des accents poignants lors des adieux à sa fille, qu’il interprète avec une grande intégrité vocale. La Fricka de Jamie Barton en impose d’emblée grâce à l’ampleur de sa voix aux aigus tranchants et à son registre grave étoffé qui renforce son autorité. Enfin, Christine Goerke  campe une Walkyrie atypique qui a tendance à minauder à son entrée en scène, altérée par des « Hojotoho » instables mais au fil des actes son personnage acquiert la grandeur tragique et la puissance que l’on attend de cette héroïne pour culminer dans une scène finale déchirante.

Grand triomphateur de la soirée, Philippe Jordan en impose dès le prélude qu’il dirige avec un tempo vif, une énergie et des contrastes impressionnants. Tout au long de l’ouvrage, il offrira aux chanteurs un tapis sonore somptueux, sans cesser de maintenir une tension dramatique soutenue jusqu’au dernier accord, qui lui vaudra des acclamations enthousiastes après chaque entracte et une ovation debout au rideau final.

Le samedi 11 mai le Metropolitan Opera retransmettra dans les cinémas du réseau Pathé Live Dialogues des carmélites sous la direction de Yannick Nézet-Séguin.    

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