Qui d’autre que Fabio Biondi aurait pu s’atteler au deuxième enregistrement de Lucio Cornelio Silla ? Dès 2004, à l’occasion d’un concert donné à l’Accademia Nazionale Santa Cecilia, le chef entreprenait sa propre reconstitution du plus méconnu et mal aimé des opéras de Haendel dont nous ne possédons aujourd’hui que des manuscrits incomplets. Une dizaine d’années plus tard, il le remontait en version scénique au Palau de les Arts de Valence. Ravalé au rang de pièce d’occasion par certains musicologues et fustigé pour ses faiblesses dramaturgiques, l’ouvrage ne connut probablement qu’une seule représentation, privée, en l’honneur du nouvel ambassadeur de France, le 2 juin 1713. Toutefois, Haendel l’appréciait, du moins assez pour y puiser abondamment en écrivant Amadigi et s’en souvenir au moment de composer Radamisto. La tiédeur lui est assurément fatale, comme en atteste le concert gravé en 2000 par Denys Darlow à la tête du London Handel Orchestra avec James Bowman dans le rôle-titre (SOMM). A l’instar d’Enrico Onofri, qui en signait une lecture puissamment habitée à Halle en 2015-2016, Fabio Biondi croit manifestement en cette partition et l’intégrale annoncée chez GLOSSA le 1er septembre devrait lui rendre justice. Vedettes du Silla qu’il dirigeait à Rome en 2004, Sonia Prina, Sunhae Im et Roberta Invernizzi partagent cette fois l’affiche avec Vivica Genaux, Francesca Lombardi Mazzulli, Martina Belli et Luca Tittoto.