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Fabrice Di Falco à Vichy, le baroque est-il soluble dans le jazzrock ?

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Brève
7 août 2013
Fabrice Di Falco à Vichy, le baroque est-il soluble dans le jazzrock ?

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Dans son nouveau spectacle présenté vendredi 2 août en première à l’Opéra de Vichy*, Fabrice Di Falco, notre Farinelli créole a-t-il eu peur d’assumer ce métissage musical pourtant devenu sa marque de fabrique ? Loin d’une salutaire audace qui eut permis d’apporter plus de fluidité à son propos et d’aborder sans détour la raison d’être de sa démarche, il a préféré décliner la prise de risque en mode pédagogue après l’entracte : vous venez d’entendre les classiques « Cessate o mai Cessate » et « Ah ch’infelice sempre » de la Cantate RV 684 de Vivaldi, « Ombra Fedele anch’io » d’Idaspe de Broschi, « Gia dagli occhi » et « Venga pur » du Mitridate de Mozart accompagnés par Michaël Levinas, vous allez maintenant les (re)découvrir revus et corrigés jazzy avec le Di Falco Quartet. Enchaîner les deux versions de chaque œuvre à la faveur d’un subtil glissement (voire d’une brutale rupture stylistique !) n’aurait pu que conforter Di Falco dans ses convictions : le baroque est ouvert à tout et à tous, il suffit d’oser nous le dire. Tout est question de dosage et de bon usage. Di Falco en hédoniste assumé ne recule pas devant l’effet, franchissant les registres de contralto le plus sombre au falsetto le plus sopranisant avec autant de jubilation que d’aisance. Les héros de Broschi (Dario créé par Farinelli) et Mozart (Farnace) ne se connaissaient sans doute pas autant de ressources vocales. Excès de biens ne saurait nuire lorsqu’un Fregoli vocal du culot d’un Di Falco enchaîne les prouesses avec une dextérité de funambule. Autant d’imagination et de talent appelaient tout naturellement dans la foulée les saines exubérances revisitées de la seconde partie. Il était alors concevable de tout se permettre y compris le côté parodique à la Michael Jackson si ce n’est l’accentuer. L’extravagance baroque ne recule devant rien, pas même l’esquisse de la fameuse moonwalk ! Elle y retrouve même ses racines dans une romance du Chevalier de Saint-George. Par contre marcher sans transition sur les brisées d’un Klaus Nomi dans « l’Air du Froid » de Purcell s’avère plus périlleux. Di Falco peut se permettre d’extravertir les rôles, il en a les aptitudes de comédien et ses complices instrumentistes la virtuosité débridée. Mais pour se faire il ne doit pas outrepasser son potentiel technique et ses dispositions vocales naturelles pas plus qu’il ne doit rester sur une demi-réserve en voulant ménager les susceptibilités baroques tout en satisfaisant le bruit et la fureur d’une imagination décomplexée on ne peut plus « barock ». [Roland Duclos]

* Des Castrats du Vatican aux rythmes mystiques des Caraïbes sera donné lundi 21 octobre prochain à 20h30 au Théâtre du Gymnase Marie-Bell à Paris

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