Après Ernestina (de L’occasione fa il ladro, de Rossini), avec Antonino Fogliani, puis l’extraordinaire Suzanna des Nozze di Figaro sous la direction de Teodor Currentzis, nous retrouvons Fanie Antonelou à Vézelay dans un récital intitulé The night in silence, qui nous conduit de Hugo Wolf à George Crumb. Programme ambitieux et riche, qui permet à la soprano grecque de déployer ses qualités rares : du lyrisme post-romantique au chant contemporain, toute la palette expressive est sollicitée. De la quinzaine de mélodies et lieder au programme, on retiendra particulièrement les mélodies du cycle Apparition (1979) de George Crumb, dont la force et la richesse sont rares, les Brettl-Lieder de Schönberg, échos des cabarets berlinois, le superbe Erwartung (sans rapport avec l’opéra), aux couleurs impressionnistes. Pas une scorie : la voix est splendide, rayonnante. La large tessiture s’appuie sur des graves solides et bien timbrés. Les phrasés, la longueur de souffle servent un chant charnu, riche en couleurs : l’intelligence et les moyens sont là. La complicité de Mihaly Zeke, musicien complet, humble et exigeant, participe à la pleine réussite de ce récital. On les retrouvera, dans la plus large formation d’Arsys, pour un programme Bach – Hersant, le 14 février à Chalon-sur-Saône.
Fanie Antonelou, soprano. Mihaly Zeke, piano. Vézelay, Cité de la Voix, 4 février 2017, 16 h. (Alban Berg, Samuel Barber, George Crumb, Hugo Wolf, Manolis Kalomiris, Gustav Mahler, Arnold Schönberg)