Le 4 juillet, Don Giovanni ouvrira le bal au Grand Théâtre de Provence avec une huitième production au festival, signe de la permanence de Mozart dans l’ADN de l’institution. L’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise sera placée sous la baguette de son chef, Sir Simon Rattle qui dirigera pour la première fois Mozart à Aix. La production sera confiée à Robert Icke, homme de théâtre, dont ce sera la première mise en scène d’opéra. André Schuen interprétera le rôle-titre aux côtés de Krzysztof Bączyk (Leporello), Golda Schultz (Donna Anna), Magdalena Kožená (Donna Elvira), Amitai Pati (Don Ottavio), Clive Bayley (Il Commendatore), Madison Nonoa (Zerlina) et Pawel Horodyski (Masetto).
Caractéristique également de l’ADN du festival, le baroque sera représenté par Cavalli. La Calisto, d’après les Métamorphoses d’Ovide, sera proposée par le chef Sébastien Daucé et son Ensemble Correspondances dans une version instrumentale adaptée aux dimensions du Théâtre de l’Archevêché (l’effectif d’origine se limiterait à deux violons et une basse continue !). La distribution comprendra (entre autres) Lauranne Oliva (Calisto), Alex Rosen (Giove : la basse américaine devra aussi chanter dans le registre féminin quand Jupiter se métamorphosera en Diane pour séduire Callisto !), Giuseppina Bridelli (Diana) et Paul-Antoine Bénos-Djian ( Endimione). Le spectacle est coproduit avec de nombreux maisons et tournera en conséquence. La mise en scène sera de Jetske Mijnssen.
Troisième pilier du festival, la création sera représentée par The Nine Jewelled Deer, opéra de chambre de Silvan Eldar et Ganavya Doraiswamy, sur des thèmes de la littérature bouddhique. Outre Ganavya Doraiswamy, la partie chantée (qu’on nous promet très lyrique et planante) sera également défendue par Aruna Sairam, célèbre chanteuse de musique carnatique. La Fondation LUMA de Maja Hoffmann coproduit le spectacle qui sera alternativement donné au Parc des Ateliers à Arles et au Théâtre du Jeu de Paume à Aix.
Le quatrième pilier du festival est plus récent et défendu par Pierre Audi : il s’agit de l’opéra français, qui sera représenté cette saison par la rare Louise, dans une mise en scène de Christophe Loy pour le Théâtre de l’Archevêché, avec Elsa Dreisig (Louise), Adam Smith (Julien), Nicolas Courjal (Le Père), Sophie Koch (La Mère) et la multitude de seconds rôles dont cet ouvrage foisonne. Giaocomo Sagripanti dirigera les forces de l’Opéra de Lyon.
Ted Huffman proposera une adaptation du Billy Budd de Britten, sous forme d’opéra de chambre, intitulée The Story of Billy Budd, sailor, mettant en avant les problématiques du désir queer (selon ses termes). L’adaptation de la musique sera assurée par le compositeur Oliver Leith. Ian Rucker sera Billy Budd, Joshua Bloom, Claggart et Christopher Sokolowski, Vere. L’ouvrage sera donné au Jeu de Paume.
Deux opéras en concert viendront compléter l’offre lyrique, une proposition à laquelle tient Pierre Audi car elle a permis au festival d’élargir son répertoire (et ce faisant d’accueillir un nouveau public) mais qui a aussi permis de faire revenir un public plus ancien qui avait déserté le festival par allergie envers certains types de mises en scène. Dirigés par Marc Minkowski, Les Pêcheurs de perles verront les prises de rôle de Pene Pati et Mané Galoyan aux côtés de Florian Sempey. La Forza del destino réunira Anna Pirozzi, Brian Jagde et un exceptionnel baryton de Mongolie encore peu connu, Ariun Ganbaatar, ainsi qu’Ekaterina Semenchuk, Michele Pertusi et Ambrogio Maestri sous la direction de Daniele Rustioni : les grosses pointures, indispensables pour un concert qui sera délocalisé au Théâtre antique d’Orange, dans le cadre d’une coproduction avec les Chorégies. Ce partenariat devrait se renouveler la saison suivante.
Le festival offrira également de nombreux concerts dont, pour rester sur la musique vocale, des récitals de Jakub Józef Orliński, Ermonela Jaho ou encore Jonas Kaufmann et Diana Damrau avec Helmut Deutsch.
Interrogé sur les finances du festival, Pierre Audi a confirmé qu’elles se portaient mieux et que l’institution restait fragile, avec une voilure plus réduite via des productions plus légères notamment, et une feuille de route très stricte qui devra être appliquée durant les prochaines années pour permettre le redressement. C’est ainsi que Les Vêpres siciliennes sont reportées à 2026. « Vous ne le sentez pas parce que nous sommes une organisation qui doit avoir le sourire : personne n’achète les problèmes ». De fait, cette édition n’a rien à envier aux précédentes en termes de richesse, de diversité et d’audace. L’ouverture des abonnements est annoncée pour le 30 janvier et celle des places à l’unité pour le 6 février.