Jusqu’au 3 février 2025 au Musée du Louvre, l’exposition « Figures de fou » explore la représentation artistique du fou au Moyen Âge, en analysant son évolution entre le XIIIe et le XVIe siècle. Elle réunit plus de 300 œuvres qui illustrent comment la folie, d’abord définie spirituellement dans le cadre religieux, se déploie ensuite dans la culture profane et urbaine. Le fou incarne tour à tour l’insensé selon les Écritures, l’amoureux transi des romans de chevalerie, le critique social des cours royales, et finalement une figure carnavalesque aux accents subversifs. En finissant sur la perception du fou au XIXe siècle, l’exposition souligne comment cette figure emblématique est devenue un miroir des bouleversements sociaux et idéologiques.
C’est dans ces dernières salles que l’opéra s’invite sans crier gare. D’abord en convoquant Shakespeare, et notamment sa fameuse Lady Macbeth, peinte « marchant dans son sommeil » par Johann Heinrich Füssli (1741-1825). Comment ne pas songer à la fameuse scène de somnambulisme dans Macbeth de Verdi en remarquant derrière la Lady hagarde, son médecin et sa suivante effrayés – « Oh terror ! ».
De fou à bouffon, il y a peu de distance comme l’attestent chez Hugo, Quasimodo et Triboulet, ce dernier mis en musique par Verdi dans Rigoletto. Des costumes dans une vitrine dialoguent avec des extraits de l’opéra, dans la mise en scène de Claude Guth en 2016 à la Bastille mais aussi dans le film tourné par Jean-Pierre Ponnelle en 1982.
En écho à l’exposition, pourquoi ne pas (re)lire les deux dossiers que nous avons consacré à l’opéra et la folie : « L’opéra rend-il fou ? » et son corollaire « Les fous chantants » ?