Le 3 octobre dernier, le musée de l’Armée inaugurait avec le Requiem de Mozart une nouvelle saison musicale – la 20e – au sein de laquelle, grâce au soutien du CIC, l’art lyrique occupe une large place. Pour preuve, les récitals de Karine Deshayes, de Stanislas de Barbeyrac, une schubertiade célébrée par Karen Vourc’h et Tomas Dolié, ou encore ce florilèges d’airs d’opéras proposé hier, 16 décembre, dans la Cathédrale Saint-Louis des Invalides. Drôle d’endroit pour un concert lyrique : l’acoustique, diffuse, empêche les voix de se projeter avec netteté et le quatuor d’instrumentistes réunis pour l’occasion – Antoine Pierlot (violoncelle), Stéphanie-Marie Degand (violon), Florent Héau (clarinette) et Laure Favre-Kahn (piano) – s’avère encore moins avantagé que les chanteurs. C’est donc dans une purée de pois sonore que certaines des plus belles pages du répertoire ont été interprétées par des artistes dont il est en toute logique difficile d’apprécier l’ensemble des qualités.
Alexandre Duhamel, souffrant, a dû se contenter de jouer les utilités chaque fois que sa présence était impérative, à savoir les trios de Cosi et de L’elisir d’amore. Intrépide, Philippe Do ose sans démériter rien moins que l’air de Cavaradossi ou le grand duo du Bal masqué, bien que sa couleur vocale semble davantage le prédisposer au répertoire français qu’italien. Katarina Jovanovic peut compter sur un registre médian d’acier pour faire de « Vissi d’arte » un des meilleurs moments de la soirée. Fiordiligi expose en revanche le manque d’agilité et la faiblesse des extrêmes, graves et aigus. Avec Despina, Adina et « Les Filles de Cadix », Magali Léger ne s’aventure pas hors des sentiers qui sont les siens. Grand bien lui fait. Malgré l’écho, son soprano vif-argent nous a paru avoir retrouvé l’éclat cristallin qui longtemps fut le sien. Le brindisi de La traviata, repris deux fois, a tenté de dissiper l’inévitable frustration sonore. Prochain rendez-vous lyrique, le 12 janvier prochain, avec Cyrille Dubois non pas dans la Cathédrale mais dans le Grand Salon. L’acoustique y est heureusement plus favorable. (plus d’informations)