« Guiraud naguère ayant donné tous ses soins à l’Ascanio de M. Saint-Saëns alors parti pour les pays lointains, M. Saint-Saëns a pieusement terminé la dernière œuvre de Guiraud, parti pour les pays d’où l’on ne revient pas. », racontait le critique musical Camille Bellaigue en janvier 1896 peu de temps après la création de Frédégonde à Paris. Le centenaire de la mort de Saint-Saëns devait servir de prétexte à l’exhumation par le Palazzetto Bru Zane de cet opéra en 5 actes et à 6 mains (composée par Ernest Guiraud, la partition en fut achevée par Camille Saint-Saëns et orchestrée en grande partie par Paul Dukas, lui-même élève de Guiraud).
C’était sans compter avec la pandémie de COVID-19 qui a bousculé le projet initial. Aux trois représentations prévues ce mois de mai à Dortmund s’est substituée la réalisation par la metteuse en scène Marie-Ève Signeyrole d’un film opéra. Le Château de Bodelschwingh, dans les environs de Dortmund, sert de cadre à l’affrontement sans merci d’un père maléfique (Hilpéric, baryton) et de son rejeton ( Mérowig, ténor). Sur son compte Instagram, Sergey Romanovsky, qui interprète le rôle du fils rebelle en remplacement de Pene Pati, partage quelques images sanglantes du tournage. Toute ressemblance avec Salome serait d’autant plus fortuite que l’opéra devait initialement s’intituler Brunhildaa. On lui préféra finalement le titre de Frédégonde afin d’éviter toute confusion avec le Ring de Wagner.