Dans les pays anglo-saxons, où on a l’art du raccourci, on appelle « Callas soprano » les chanteuses qui partagèrent la scène avec la Divine. Gabriella Tucci, dont on apprend la mort ce 11 juillet, était une d’entre elles. Née à Rome le 4 août 1929, elle avait, après ses études au Conservatoire de Rome, continué d’étudier le chant avec Leonardo Filoni qu’elle avait fini par épouser. Les biographies divergent sur ses débuts en 1951 : La traviata à Lucca ou, comme l’affirme le Grove Book, La Forza del destino aux côtés de Benjamino Gigli. Quelle que soit la vérité, chanter Violetta ou Leonora à l’âge de 22 ans mérite considération. Toujours d’après le Grove, 1959 fut une année charnière avec son baptême scaligère – Mimi dans La Bohème – mais aussi une première apparition à Londres – Mimi encore –, San Francisco (Maddalena dans Andrea Chénier) et New York – Butterfly. De là date son étroite collaboration avec le Metropolitan Opera jusqu’en 1973. Soprano lirico spinto et donc titulaire des grands rôles italiens traditionnellement dévolus à sa catégorie, Gabriella Tucci pouvait à l’occasion relever le défi de partitions virtuoses, telle Evira d’I puritani qu’elle chanta avec Luciano Pavorotti ou Elcia dans Mosé in Egitto. Peu d’enregistrements officiels témoignent de son art mais quelques pirates donnent à percevoir la pureté de l’émission, la chaleur de l’interprétation et sa force de conviction. Parmi ceux-ci, Glauce dans Medea en 1953 à Florence, avec dans le rôle-titre Maria Callas donc.