Gaëlle Arquez et Sébastien Guèze ont régalé les Dijonnais samedi dernier, 28 novembre, avec un récital qui les associait aux choeurs de l’Opéra et à l’Orchestre Dijon-Bourgogne. De Gluck à Massenet, six larges fragments d’opéras et d’opéras comiques français en étaient l’occasion. Si l’orchestre a confirmé sa bonne forme, la grande formation dirigée par Gergely Madaras dominait les beaux choeurs, fréquemment sollicités, placés en fond de scène. Dommage.
Sébastien Guèze, déjà remarquable dans la chanson de Kleinsach des Contes d’Hoffmann campe ensuite, entre autres, un Werther (acte III) et un Don José particulièrement émouvants. L’émission est sonore, projetée, les aigus éclatants, malgré une tension singulière. Faut-il y voir la recherche d’un équilibre avec un orchestre ivre de sa puissance et quelque peu oublieux de son rôle ? Dès « La fleur que tu m’avais jetée », on découvre un Don José bouleversant dont la passion va s’enfler jusqu’au dénouement.
Eclectique dans ses choix, après avoir chanté le baroque, Mozart, Offenbach et Verdi avec un égal succès, Gaëlle Arquez, épanouie, rayonnante, aborde les personnages contrastés de Charlotte et de Carmen. Le chant est splendide, coloré, naturel, avec un soutien constant, une rare intelligence du texte. Si sa Charlotte (« Va, laisse couler mes larmes », puis le duo final) est chantée avec une passion contenue, il paraît clairement qu’elle n’est pas vraiment l’héroïne pudique, fragile et sensible de Massenet. Par contre sa Carmen est stupéfiante. Le timbre, les graves naturels, l’aisance, la force expressive, la diction, tout est là. En grande tragédienne, elle est Carmen, non pas tant parce son fourreau noir et sa fleur rouge la parent de ses atours, mais parce qu’elle vit son personnage avec une vérité étonnante : sensuelle, séductrice, fière, indépendante et résolue. L’essai mérite la transformation. Le public ne s’y trompe pas et acclame les deux artistes, avec de nombreux rappels.
Grand airs d’opéras français, Dijon, Auditorium, samedi 28 novembre 2015, 20 h