Avoir chanté 12 saisons consécutives à Bayreuth, de 1981 à 1992, a valeur d’adoubement wagnérien. Né à Littleborough dans le Lancashire, Graham Clark avait affuté sa voix de ténor à Wexford dans des petits rôles puis au Scottish Opera en 1975 – date officielle de ses débuts. Brighella (Ariadne auf Naxos), Jaquino, Ernesto, Pedrillo, Le Chanteur italien (Der Rosenkvalier)… En 1976, il rejoint la troupe de l’English National Opera, chante Bomarzo dans la création britannique de l’opéra de Ginastera, Rinuccio, Ramiro, Almaviva, Hoffmann jusqu’à ce qu’il réalise que les rôles romantiques ne sont pas les mieux adaptées à sa voix. Son répertoire évolue alors vers Hermann (La Dame de Pique), Aleksey (Le Joueur), Grigori (Boris Godounov) et surtout les ténors wagnériens de caractère : David, Melot, Loge et Mime qu’il a interprété plus de 275 fois.
Števa Buryja dans Jenůfa lui offre un premier rôle au Metropolitan Opera en 1985. Six ans plus tard, il créera sur cette même scène Bégearss dans Ghost of Versailles. A Paris, il sera notamment Le Metteur en scène dans Un re in ascolto et Le Vieux prisonnier dans De la maison des morts mis en scène par Patrice Chéreau en 2017 à la Bastille ainsi que Le Peintre (Lulu) et le Capitaine (Wozzeck) au Théâtre du Châtelet.
Apprécié pour son physique athlétique (il avait été professeur de gymnastique avant d’être chanteur), ses talents de comédien et la clarté exceptionnelle de sa diction, Graham Clark avait une voix de ténor acérée et puissante. Il avait fait ses adieux à la scène en septembre 2019 à Bruxelles dans la première mondiale de Macbeth Underworld de Pascal Dusapin.