Le Teatro Massimo, joyau de la capitale sicilienne et oeuvre de l’architecte Gian Battista Basile admirée dans toute l’Europe à la fin du XVIIIe siècle, est l’objet, en cet automne 2012, d’un conflit particulièrement violent opposant le maire Leoluca Orlando et le surintendant Antonio Cognata. Le premier nommé, réélu au printemps dernier – après deux mandats dans les années 1980 et 90 – a trouvé une ville dans un état désastreux à tous les points de vue. Dans ce contexte difficile, le Teatro Massimo, dirigé par Cognata, ancien professeur d’économie, pouvait faire figure d’exception. Le théâtre a en effet présenté en 2011 un résultat positif pour la 7e année consécutive et les dettes se sont réduites à 16 millions d’euros, contre 27 millions au début de son mandat. Le nombre de spectateurs a considérablement augmenté, passant de 77 000 en 2001 à 126 000 en 2011, avec un nombre de levers de rideau passé de 85 à 129 par saison. Du côté artistique, le niveau de la programmation est un des plus intéressants d’Italie et le Massimo est le seul à présenter en 2013, pour l’année Wagner, un Ring complet, mis en scène par Graham Vick. Pourtant, le surintendant est contesté à la fois par les salariés de la Fondation qui, le 21 octobre, ont empêché le lever du rideau sur le dyptique ravelien (L’Enfant et les sortilèges ; ), et par le président du conseil d’administration, maire de la ville. Le conflit est tel que l’arbitrage du ministre de la culture italien, Lorenzo Ornaghi, est attendu. La mise sous tutelle de la Fondation est espérée par certains, tandis que Antonio Cognata organise la riposte : une pétition a été ouverte en ligne, pour protester contre l’ingérence du politique dans la gestion artistique du Teatro Massimo. Difficile, dans ces conditions, de préparer la nouvelle saison qui ouvrira en janvier par Rheingold (Hawlata/Leiferkus/Chiuri, dir Inkinen), suivi en février par Walkyrie (O’Neill/Chiuri/Hawlata), en mars par Nabucco (Gagnidze/Badalyan, dir Palumbo), en avril par Aïda (Hui He/Cornetti/De Leon, dir Ranzani) et Rigoletto (Platanias/Rancatore/Terranova, dir Finzi) en mai, le Ring étant bouclé à l’automne 2013. Pour ceux qui s’y retrouvent dans cet imbroglio sicilien, la signature de la pétition est en ligne ici : http://www.petizioni24.com/firmapersalvareilteatromassimodallapolitica ! Jean-Philippe Thiellay