A la tête de son chœur, le Collegium Vocale Gent, de son orchestre, celui des Champs-Elysées, et d’une brochette d’excellents jeunes solistes, (Sarah Wegener, expressive, Marie-Henriette Reinhold, suave, Robin Tritschler, particulièrement poétique et David Soar, impressionnant), Philippe Herreweghe a donné au Palais des Beaux Arts de Bruxelles sa vision des Sieben letzte Worte unseres Erlösers am Kreuze de Haydn (Hob XX-2, version de 1796). Ainsi servie par des instruments originaux et un des meilleurs chœurs européens, cette autre musique de la passion paraît à la fois plus juste et plus émouvante que dans les versions « classiques », où une telle succession d’adagios finit généralement par lasser l’auditeur.
Donnée sans pause ni interruption, comme ramassée sur elle même, l’œuvre nous a semblée plus dense, plus intense que d’habitude. L’âpreté du son, le relief particulier des instruments anciens et la très grande homogénéité des voix (tant solistes que choristes) ont contribué aussi à donner une vision parfaitement claire et lumineuse, très lisible de la partition, miracle d’équilibre, où chacun est exactement à sa place, à l’écoute des autres et au service de l’œuvre, sans surenchère aucune, comme seul le regretté Harnoncourt avait réussi à le faire dans sa version parue chez Teldec en 1992.
A quand un enregistrement ?