C’est le genre de polémique qu’on aurait bien laissé derrière nous avec l’année 2020… Tout démarre le 1er janvier quand le trompettiste Ibrahim Maalouf, visiblement téléspectateur attentif du Concert du Nouvel An, salue son compte Twitter le « sublime orchestre de Vienne », pour mieux déplorer que celui-ci « excelle autant musicalement qu’il se fait tristement remarquer par son manque de diversité ethnique ».
Sublime orchestre de Vienne qui chaque année excelle autant musicalement qu’il se fait tristement remarquer par son manque de diversité ethnique.
2021 on veut plus de diversité ! Si Vienne est à l’extrême, les orchestres français sont loins du compte aussi…#concertdunouvelan
— Ibrahim Maalouf (@ibrahim_maalouf) January 1, 2021
Ces propos lui valent rapidement des réponses acerbes de quelques polémistes conservateurs, à l’image de Gilles-William Goldnadel, qui accuse le musicien de se livrer à une « comptabilité malséante ». Les noms d’oiseaux fusent. Souhaitant apporter aux échanges une modération qui leur manquait cruellement, Zhang Zhang, la première violon du Philharmonique de Monte-Carlo et cofondatrice du Quatuor à cordes de Monaco, rappelle alors que les auditions pour recruter les musiciens d’orchestre se déroulent à l’aveugle, les candidats jouant cachés derrière un paravent. Le talent pour seul discrimination ? Pas pour Ibrahim Maalouf, qui fait alors le choix curieux de s’en prendre précisément aux origines de sa contradictrice, et aux appuis familiaux qui, selon lui, l’auraient aidée à faire carrière en Europe…
Le manque de diversité dans les orchestres occidentaux n’est pas un mythe. Le faible nombre de femmes dans leurs rangs (qu’on se souvienne de l’accueil déplorable réservé à la clarinettiste Sabine Meyer au sein du Philharmonique de Berlin, il n’y a pas si longtemps), montre d’ailleurs qu’il ne s’agit certes pas d’une question seulement « ethnique ». Mais le sujet mérite des débats nourris, des arguments pesés menant à une prise en compte effective, plutôt qu’une série de tweets postés dans les vapeurs d’un lendemain de fête. Usagers des réseaux sociaux, il est encore temps pour les bonnes résolutions !