C’est une incroyable histoire d’espionnage qui resurgit à l’occasion d’une vente aux enchères de photos de la seconde guerre mondiale.
Margery Booth nait en 1905 à Wigan, près de Manchester. Elle s’engage dans la carrière lyrique et fait ses débuts en mezzo à Covent Garden en avril 1936. Margery épouse un allemand le docteur Egon Strohm et émigre dans le pays d’origine de son mari. Elle chante alors à l’Opéra de Berlin et à Bayreuth. Quand la seconde guerre mondiale éclate, Margery est envoyée se produire devant les prisonniers britanniques du Freigegeben Stalag IIID, un camp où les détenus sont particulièrement bien traités car Hitler pense encore pouvoir en convaincre suffisamment pour mettre en place une légion de volontaires. Margery y rencontre John Brown, un agent qui a réussi à convaincre les allemands de sa conversion aux idées nazies. Brown traque les traitres à l’Empire et reconnait vite le patriotisme dissimulé de Margery qui s’obstine à terminer ses prestations par des chants patriotiques. Recrutée ainsi par Brown, Margery mène alors une double-vie d’espionne et d’artiste lyrique. C’est à l’espion anglais qu’elle dédicace la photo qui figure dans la vente aux enchères de clichés pris au stalag. Peut-être n’est-ce qu’une légende, mais on raconte qu’elle chanta devant le Führer, avec des documents secrets remis quelques instant auparavant par Brown, cachés sous sa gaine. Finalement découverte, tout comme Brown, elle est torturée par la Gestapo mais garde le silence. Elle réussit assez miraculeusement à s’enfuir de Berlin à l’occasion d’une alerte aérienne.
Margery Booth se voit restituer sa nationalité anglaise après la guerre et son témoignage s’avèrera décisif envers un certain nombre de traitres. Malgré tout, on la considère comme une ancienne sympathisante des nazis : elle ne retrouvera aucun engagement. Elle meurt peu après d’un cancer, en 1952, complètement oubliée. [PC]