Créateur de L’Illustre Théâtre, philosophe et grand spécialiste du théâtre préclassique français, Jean-Marie Villégier a aussi été l’un des bâtisseurs des Arts Florissants. L’ensemble fondé en 1979 par William Christie lui rend hommage.
Médée, Atys, Le Malade imaginaire, La Fée Urgèle, Hippolyte et Aricie… Indissociables de son nom, ces œuvres résonnent aujourd’hui encore avec force dans nos mémoires. Et si chacune de ces productions lyriques des Arts Florissants a connu un succès considérable, à l’origine de l’engouement pour la musique baroque, c’est en grande partie à lui que nous le devons.
Amoureux de Molière et de Corneille, Jean-Marie Villégier a permis à la scène lyrique française une réflexion profonde sur l’importance de la diction et de la déclamation, fers de lance de William Christie. Il a donné aux chanteurs les clés d’une interprétation distanciée, où costumes et lumières participaient également à l’engagement de tous, spectateurs compris, dans l’analyse fine des situations dramatiques. « Le flirt de la tragédie en musique avec la tragédie dramatique », comme aimait à le dire Jean-Marie, a fait découvrir à toute une génération de spectateurs l’opéra politique de la cour de Louis XIV, et stimulé un formidable imaginaire, présent aujourd’hui encore. « Faire une mise en scène, c’est inventer un jeu de société. On crée les cartes, on définit les règles du jeu. Ensuite on joue les parties avec des personnes. Chaque reprise consiste à jouer le même jeu, mais une autre partie. »
Aujourd’hui, c’est à un fidèle compagnon de route de William Christie et des Arts Florissants que nous disons au revoir. L’ami s’en est allé jouer ailleurs ; il nous manquera, mais nous continuerons de tenir les cartes et de faire vivre l’héritage de ses merveilleuses créations !